Le film (dialogues en basque) débute au pays basque, en Guipúzcoa en 1836 lors de la 1ère guerre carliste [qui débuta lorsque le roi Ferdinand VII décida de transmettre sa couronne à sa fille ainée Isabelle, dérogeant à la loi salique, au détriment de son frère cadet, Charles de Bourbon ; ce dernier refusa de prêter serment auprès de sa nièce et se proclama roi sous le nom de Charles V (Carlos)]. A l’arrivée des carlistes (portant bérets rouges) dans leur ferme d’Altzo, deux frères sont séparés : Martín est enrôlé tandis que son frère cadet, Joaquín (18 ans), reste à la ferme et aide sa famille.
Après avoir été blessé au bras (entrainant sa paralysie), Martín rentre à la ferme au bout de 3 ans. Son frère Joaquín est devenu un géant (il mesure 2,24 m). Son handicap l’empêchant de travailler à la ferme et souhaitant émigrer aux Etats-Unis, Martín (qui parle aussi espagnol) décide de gagner de l’argent en exhibant son frère (qui ne parle que basque) à travers toute l’Europe : Bilbao, Madrid (auscultation par des médecins et rencontre de la Reine), Angleterre (rencontre d’un 2e géant, Saada à Stonehenge). C’est là que Joaquín rencontre Esther, femme de grande taille. Tandis que leur 3e frère, Isidore, part aux Etats-Unis, Martín se marie. A Paris, Joaquín, 29 ans, retrouve Esther mais leur 1ère nuit d’amour se passe mal (un médecin français avait pronostiqué que Joaquín risquait de souffrir d’impuissance). De retour au pays basque, les 2 frères sont rançonnés par des brigands (qui volent toutes les économies de Joaquín qu’il n’avait jamais déposé à la banque contrairement aux conseils de son frère). Ils rentrent dans leur village et Joaquín meurt de froid en 1861 à 43 ans.
Un très beau film, tant pour l’histoire, émouvante, qui rappelle bien sûr, « Elephant man » (1981) de David Lynch (qui se déroule 20 ans plus tard dans l’Angleterre victorienne), avec les rapports de rivalité, de ressentiment entre les 2 frères, que pour la forme (photographie soignée, mettant en valeur la nature du pays basque et scènes de bataille filmées en plans courts et de façon nerveuse). Sans oublier qu’il traite aussi de la guerre (il y a eu 3 guerres carlistes entre 1833 et 1876), de la famille et de l’émigration (cf. importance de la diaspora basque). .