Woooow c’te claque ! « Sound of Metal » va mettre au diapason vos conduits auditifs et lacrymaux. Plus qu’un film, c’est une expérience sonore inouïe et inédite que vous allez vivre au cinéma. Apprêtez-vous à en prendre plein les oreilles avant d’en prendre plein les yeux. Riz Ahmed délivre une performance hallucinante. Un grand acteur pour un film énorme !
Une fois qu’on a dit ça, rentrons dans le détail.
« Sound of Metal » raconte le destin de Ruben, batteur de Punk Metal qui va connaître l’une des plus traumatisantes expériences de sa vie : perdre l’ouïe. Gênant pour un musicien. Entre souffrances, errances et désespoirs, Ruben va devoir réapprendre la vie autrement.
On va donc suivre le parcours chaotique et erratique d’un homme dont la vie sera à jamais chamboulée.
Heavy Metal ? Yeaaaaaaaaaaah !!!
C’est assez rare les films qui traitent de la surdité surtout avec une approche aussi moderne, rock’n’roll, pas lénifiante. « Sound Of Metal » n’a pas peur de son sujet, l’étreint avec force et ne cherche pas à rendre ses personnages sympathiques. Ici, on est dans la VRAIE vie, celle qui fait mal, celle qui est sale, celle qui heurte et qui secoue. Abrupte, la caméra est souvent hypnotique, lancinante, tranchante. « Sound of Metal » est un film dérangeant dans le bon sens du terme. Il nous heurte pour mieux nous happer.
Le réalisateur nous plonge dans la peau de Ruben nous faisant ressentir ses émotions et ses sensations au fur et à mesure que son ouïe s’estompe. Etouffant et angoissant, on vit son trauma, la cage de silence qui emprisonne Ruben nous emprisonne aussi.
Beethoven, si tu nous entends…
Ce film croule sous les points forts. Comme mentionné plus haut, il faut saluer l’extraordinaire travail de Riz Ahmed, complètement crédible dans son rôle et qui aurait amplement mérité un Oscar tellement il a peaufiné son personnage de Ruben. Il a bossé, bossé et encore bossé. Imaginez, il a carrément appris à jouer de la batterie ainsi que la langue des signes. Et ça se sent. Si le film est autant immersif, c’est que lui-même s’est totalement engagé et immergé dans le rôle. Son visage est le miroir de ses émotions contrastées, déchirées.
Ce sentiment d’immersion est renforcé par le fait - chose rare - que le film a été tourné dans l’ordre chronologique ce qui permet à l’acteur de jouer par palier pour être au plus juste de son émotion dans sa descente aux enfers et sa tentative de rédemption. Une sorte de Beethoven moderne et alternatif en fait.
Evidemment une prestation n’est réussie qu’à l’aune de ses partenaires, Olivia Cooke (« Ready Player One ») emballe le tout. Tout comme Riz Ahmed, elle habite son personnage et le transcende à chaque scène.
Le réalisateur Darius Marder (scénariste de « The place beyond the pines ») frappe fort avec son premier long-métrage. Même si ce n’est pas sa première réalisation – il avait déjà réalisé le documentaire LOOT – la maîtrise est stupéfiante. C’est d’ailleurs une approche quasi-documentaire qui nous est proposée, renforçant la crédibilité du propos et louchant vers le cinéma-vérité cher à la Nouvelle Vague. Sentiment appuyé par un tournage dans l’ordre chronologique, le choix d’une pellicule à l’ancienne, qui donne ce grain si particulier, et un montage fabuleux. On dirait un film d’auteur français dans sa sobriété, conforté d’ailleurs par la présence de Matthieu Almaric
Et je monte le son ! Et je descends le son…
Comme vous l’avez compris, un soin très particulier a été accordé au niveau du son pour rendre l’immersion encore plus réelle, palpable. Normal, le son a été pensé en amont du tournage et est vraiment partie intégrante du film, c’est quasiment un personnage. Il faut saluer l’énorme boulot de Nicolas Becker, ingénieur du son, sans qui ce film n’aurait certainement pas eu la même puissance ni la même intensité. Il rend l’expérience auditive inouïe, perturbante et angoissante.
« Sound of Metal » est un des chefs-d’œuvre de l’année. De ceux qui vous marquent de leur sceau à vie car on ne peut décemment pas sortir indemne d’une telle claque cinématographique ! Il n’a pas malheureusement pas obtenu l’oscar du meilleur film, le destin en a décidé autrement alors à nous d’en faire un succès sauvage dans les salles !