Comme l'un des collègues du dessus, je suis assez étonné par la notation de ce film. j'y suis allé avant tout pour le comédien Riz Ahmed que j'apprécie. L'alternance entre les scènes en immersion dans l'ouïe détériorée du comédien sont intéressantes mais ne suffisent pas à faire un film. Car le scénario bâti sur des non-dits s'avère au final assez creux. D'ailleurs, en dehors de l'idée de l'acceptation de soi, de l'acceptation de son handicap qui me paraît très bien, la structure où se retrouve Ruben est un peu limite. Comme le dit quelqu'un plus haut, on a l'impression de quelque chose de quasi sectaire comme savent si bien faire les américains. Et les non-dits permanents n'aident pas à estomper ce sentiment. Cette structure (l'institution où atterrit Ruben) s'arroge un contrôle total sur lui. Forcément, du haut de leur grande bienveillance, ils savent ce qui est mieux pour lui. Et le choix des pensionnaires laissent perplexe, on met en avant un black un peu gangsta qui fait du hip-hop, une lesbienne métis (Pourquoi pas , mais l'absence de détail et de la moindre explication rend la chose un peu cliché) ; la nouvelle société américaine de l'acceptation (on sent que le dîner mondain de la bonne société parisienne à la fin vient s'opposer à ce monde là ; d'un côté un monde futile des apparences, de l'autre l'acceptation (à condition de se plier aux règles définies pour le bien de l'individu ... une jolie touche de néo-fascisme). Je ne connais pas suffisamment l'Amérique, mais ça sent la magnifique société nouvelle que nous vendent les publicitaires tout cela (des noirs des blancs des jaunes tous main dans la main et pleins d'amour, où est la complexité ?). Quel dommage de proposer ce sujet aussi intéressant pour le développer de la sorte et nous proposer ce vide là ... Le coup de l'opération chirurgicale aussi est assez évocateur ... Il se fait opérer et c'est une grande déception, il entend mais pas comme avant, c'est grésillant , horrible et mieux vaut ne pas se faire opérer compte tenu de la qualité de l'ouïe nouvelle. Mais ce stratagème est trop facile ... il se fait opérer et ne s'est pa renseigné avant ? Du coup, les gens de la structure avaient raison, il faut s'accepter parce que l'opération n'en vaut pas le coup ? mais si ce détail est omis, pour moi, l'on se fout des spectateurs. C'est dommage pour quelqu'un qui n'est pas sourd, il aurait été intéressant de présenter ce pb de la qualité de l'ouïe post opération ... Et une autre dimension aurait pû être aussi la question du coût dans cette Amérique qui laisse ses enfants se débrouiller pourvu qu'ils aient l'argent pour régler leurs soucis. Je repense à Nomadland avec ce film ... encore un film faussement révolutionnaire, faussement social qui s'appuie sur une problématique intéressante et au final nous propose du vent ... où est la profondeur ? un film à la fois superficiel, et limite inquiétant sur certains messages que l'on pourrait percevoir ... Même sensation que pour Nomadland , sous ses beaux sentiments, il y a quelque chose de nauséabond aux États-Unis et nous, européens serions bien inspirés de prendre nos distances avec ce pays.