Mondialement réputé, et de nos jours pas en bien, pour sa séquence de corrida, assez cruelle et graphique, "L'Assassinat de Trotsky" fut un film difficile à tourner, à préparer, pour Joseph Losey, sympathisant communiste de longue date qui était, clairement, stalinien plutôt que trotskyste. Autrement dit, faire un film sur la mort de l'ennemi absolu du régime stalinien ne l'enchantait pas des masses et il craignait sans doute de manquer de tact.
Donner le rôle de Trotsky, un Trotsky exilé au Mexique au tout début des années 40 donc, à Richard Burton, qu'il avait déjà dirigé dans "Boom" quelques années plus tôt, était un choix, comment dire...curieux. Burton, qui en faisait souvent des tonnes, en fait, ici, parfois des caisses, il faut le dire, et physiquement, malgré la perruque, la fausse barbiche et les lunettes, c'est pas vraiment ça, mais on n'allait pas demander à Alain Delon, qui joue aussi dans le film (premier des deux films qu'il a fait avec Losey), de jouer le rôle-titre. Il joue en revanche celui de
son assassin
. Romy Schneider joue aussi dans le film, un rôle peu marquant.
Ce n'est pas un des meilleurs Losey (je suis loin de les avoir tous vus, mais j'en ai quand même vu plusieurs, je peux d'ores et déjà penser que ce film ne fait pas partie des sommets du réalisateur) ni un des meilleurs Delon, mais c'est un film intéressant, plus intéressant que ce que l'on en pense souvent. Une curiosité parfois ennuyante, parfois passionnante.