Bon, c'est devenu une habitude, quand on n'a plus d'idées dans le cinéma d'horreur US, on mixe les anciennes et on regarde si la mélasse qui en ressort a un goût suffisamment passable pour faire cracher encore quelques billets verts à des spectateurs peu regardants.
"Keep Watching" croit d'ailleurs en avoir découvert une très bonne recette avec ce mix ultime entre "The Strangers" et "Saw" à la sauce found-footage. Dans cette logique mercantile, ce premier film de Sean Carter -tourné il y a quand même plus de quatre ans- est sorti dans les salles américaines opportunément et uniquement la nuit d'Halloween 2017 histoire de rafler la mise (ce qu'il n'a pas fait) avant d'envahir le marché vidéo.
Seulement, en se contentant de mettre le minimum syndical de nouveaux ingrédients pour relever la saveur d'un plat déjà réchauffé, l'invective de son titre ("Continuez à regarder") va sonner comme une vraie supplication envers les spectateurs qui auront osé tenter l'aventure.
Une bande de tueurs a pris pour habitude d'assassiner des familles entières en une nuit. Au préalable, ils installent des trillions de caméras dans la maison pour filmer leurs victimes et diffuser leurs jeux meurtriers tordus via Internet...
Le gros problème de "Keep Watching" est que son message, déjà un peu primaire en lui-même mais intéressant, sur la fascination glauque d'un public anonyme pour des meurtres en live ne peut rivaliser face au ridicule exponentiel du mode opératoire des assaillants. Non seulement, ils s'amusent à filmer partout en amont leurs futures victimes (jusque chez leurs thérapeutes, ils sont très forts) pour mieux les faire souffrir psychologiquement par la suite mais ils disposent aussi de moyens logistiques complètement aberrants avec un budget apparemment illimité en modèles de caméras, drônes, etc. Bref, on ne croit pas une seconde à ces tueurs équipés comme l'équipe de production d'un blockbuster et personne ne semble avoir envie de s'embêter à rendre ça vraisemblable (une grande étape dans le n'importe quoi sera franchie avec une mini-caméra pendue à un fil dans les toilettes et tirée à travers un vieux conduit pour filmer l'héroïne au plus près).
Mais, après tout, on a (presque) vu pire comme couleuvre à avaler et, si "Keep Watching" faisait preuve d'une certaine efficacité par la suite, on serait même prêt à fermer les yeux sur cette grande rigolade de départ. Pas de bol pour nous, les tueurs ont choisi comme chair fraîche à leur jeu nocturne la famille la plus inintéressante qu'il soit et érigent étrangement en héroïne de leurs meurtres une adolescente aux problèmes on ne peut plus communs (sa mère défunte lui manque, la choupinette n'aime pas la nouvelle compagne de son père et sa relation avec son petit ami n'est pas au meilleur, voilà, c'est terriblement prenant). On se fiche donc assez vite de tout ce petit monde pourtant loin d'être interprété par une bande de manchots (Bella Thorne, Natalie Martinez, Ioan Gruffudd, ou Leigh Wannell dans un rôle parfaitement inutile) et les péripéties macabres qui les attendent ne se révèlent jamais assez amusantes ou originales pour nous attacher à leur sort (l'idée des croix était très rigolote mais aucun des personnages ne se rendra jamais compte de la marge de manoeuvre que ça lui laisse). Du côté des meurtriers affublés de masques volés sur un vieux plateau de tournage d'un "American Nightmare", rien de bien consistant à se mettre sous la dent non plus sinon un vague twist final prévisible à des kilomètres à la ronde justifiant leur mode de fonctionnement.
Au final, "Keep Watching" n'est juste qu'une resucée insignifiante (qui a dit nulle ?) de hits du genre de bien meilleure qualité qui ne parvient à aucun instant à trouver le chemin de l'originalité pour éveiller un réel intérêt. Ne continuez pas et, en fait, ne commencez même pas à regarder !