Poétique du cerveau : les secrets du tournage

Nurith Aviv fut d'abord une chef opératrice de renom, collaborant aux côtés d'Agnès Varda ou Amos Gitaï. Elle passa derrière la caméra pour tourner de nombreux documentaires et eut souvent le même objet d'études, traité sous différents angles : la parole. Elle consacra une trilogie de documentaires (D'une langue à l'autre, Langue sacrée, langue parlée et Traduire) à la question de la langue hébraïque et de son évolution durant les siècles. Son dernier projet avant Poétique du cerveau, Annonces, donna même la parole à sept femmes, chacune livrant son interprétation des récits sacrés (Bible et Coran). Une situation qu'elle précise : "Quand je suis passée à la réalisation (...) J’ai eu envie de mettre la parole en scène et en marche au cinéma. C’était un défi."

Par souci de ne pas dénaturer la parole, Nurith Aviv a choisi de ne pas couper le témoignage des intervenants au montage. Elle procède donc à un long travail afin que chacun puisse expliciter sa vision sur le sujet investi en un temps limité, sans que cette parole ne devienne mécanique. Deux ans lui auront par exemple été nécessaires pour qu'un des chercheurs découverts dans Poétique du cerveau parvienne à s'exprimer au sein de ce procédé.

Nurith Aviv eut l'habitude de faire intervenir de nombreuses personnalités d'horizons différents dans ses documentaires. Avec Poétique du Cerveau, elle est présente pour la première fois tout le long du documentaire, établissant des parallèles entre sa propre vie et son sujet d'études. Par exemple, c'est une photographie de ses parents avant sa naissance qui ouvre le film.