C'est son propre parcours qui a inspiré à Paul Vecchiali l'histoire de ce film. Après soixante-dix ans, le metteur en scène confie avoir retrouvé cette « Marguerite », dont il est tombé amoureux à l’âge de quinze ans, grâce à Facebook. Toutes ses recherches pour la revoir n'avaient pas abouties et le film lui est dédié. Il explique :
"Bien sûr, l’anecdote s’écarte ensuite de son point de départ et n’a rien d’autobiographique. Mon intérêt se porte ailleurs : les difficultés larvées des petites entreprises, les rapports d’un père et d’un fils, où la tendresse ne sait pas s’exprimer, la vieillesse et ses inconvénients, la fin de vie, implacable et sournoise. Là non plus, il n’y a rien d’autobiographique. J’ai privilégié les plans longs qui expriment mieux les variations de tempérament et la conflictualité. Souvent dans la comédie, voire, aussi, dans une sorte de fantastique, le film échappe au pathos sous-jacent et délivre l’émotion sourde, obsessionnelle, d’un premier amour dont on dit que c’est le plus fort. Ainsi que l’impuissance à exprimer la tendresse qu’éprouve un fils devant un père, grognon, manipulateur et brusque. Le film est, en tout cas je l’espère, une sorte de train qui, d’année en année, comme de gare en gare, emmène un homme vieillissant mais toujours amoureux."
Une fois Le Cancre achevé, Paul Vecchiali a remarqué la filiation du film avec Carnet de bal (1937) de Julien Duvivier. Dans cette optique, le cinéaste a rajouté, dans le générique de fin, ce sous-titre Carnet de belles. "Une séquence en particulier y fait référence : celle avec Catherine Deneuve car on ne sait pas si je l’ai vraiment rencontrée. C’est le cas de Marie Bell dans le Duvivier : a-t-elle vécu ses retours sur elle-même ou les a-t-elle rêvés ?", note-t-il.
Paul Vecchiali fait tourner pour la troisième fois Pascal Cervo. Dans Le Cancre, ce dernier joue le fils du cinéaste qui, lui, campe Rodolphe. "Pascal m’inspire beaucoup, à l’instar de Jacques Perrin et de Nicolas Silberg. J’aime à lui offrir des rôles « épais ». Il sera du prochain si je parviens à le financer. Par ailleurs, j’aime beaucoup son travail de réalisateur", explique le réalisateur.
Dans son film Le Cancre, Paul Vecchiali joue beaucoup avec les mots et les prénoms des personnages. Il confie : "C’est une de mes spécialités que je partageais heureusement avec Jean-Claude Biette. Mais c’est Françoise Lebrun qui m’a proposé cette réplique qui m’a vraiment amusé « Marguerite ? Dans les champs ! ». Lacanien ? Vous me comblez ! Quant à Noël Simsolo, ce n’est plus de la complicité mais de la reconnaissance entre nous ! Il a presque entièrement rédigé la séquence de l’huissier numéro 3, si bien interprétée par Éric Rozier. Mais son apport est plus général."