Après sa Palme d’Or obtenue en 2007 pour "4 mois, 3 semaines, 2 jours", après le Prix du scénario et le double Prix d’interprétation féminine attribués en 2012 à "Au-delà des collines", le réalisateur roumain Cristian Mungiu était, cette année, de nouveau présent à Cannes et son film "Baccalauréat" y a recueilli le Prix de la mise en scène, ex-aequo avec "Personal Shopper", d’Olivier Assayas. Lycéenne dans une ville de Transylvanie, Eliza est une élève brillante et, c’est certain, elle ne va avoir aucun problème à briller à l’épreuve du baccalauréat, ce qui lui ouvrira toutes grandes les portes d’une université anglaise prestigieuse. Sauf que, deux jours avant l’épreuve et alors que Romeo, son père, chirurgien dans la même ville, vient de la déposer à proximité de son lycée, Eliza subit une agression sexuelle et se retrouve gravement handicapée, psychologiquement bien sûr, et physiquement, avec une blessure au bras. Comment passer le baccalauréat dans ces conditions ? Une situation insupportable pour Romeo qui ne peut admettre que les efforts réalisés par sa fille pour changer d’avenir soient anéantis par ce coup du sort. Malgré ces handicaps survenus au plus mauvais moment, Eliza doit obtenir les notes excellentes qu’elles méritaient et Romeo n’hésite pas à partir dans l’enfer des passe-droits, des accommodements réciproques, de la tricherie pure et dure, un enfer dont on ne peut pas revenir, car vous voilà à jamais prisonnier d’une chaîne de liens et de réciprocités. Si "Baccalauréat" est un film sur ce que l’amour parental peut amener un père à faire pour sa fille, c’est tout autant un film sur la corruption qui gangrène la Roumanie contemporaine, un pays où il semble tout à fait possible d’obtenir son baccalauréat grâce à la triche ou à la corruption, quand ce n’est pas l’alliance des deux, un pays où les échanges de services semblent monnaie courante.