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Yves G.
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3,5
Publiée le 20 décembre 2016
Eliza fait la fierté de Romeo, son père. Elle se prépare à quitter la Roumanie pour aller suivre des études supérieures à Londres. Mais à la veille de passer le baccalauréat, elle est victime d’une agression. Si elle ne se présente pas à son examen, si elle n’y obtient pas de notes suffisantes, ce sont tous ses espoirs et ceux de son père qui s’effondrent. Une solution existe toutefois. Mais elle suppose que Romeo et Eliza fassent taire leurs scrupules.
Depuis une dizaine d’années, les réalisateurs roumains dressent de leur pays un tableau sinistre. Cristian Mungiu est le plus célèbre grâce à la notoriété que lui a conférée sa Palme d’or cannoise pour « 4 mois, 3 semaines, 2 jours » sans doute l’un des films les plus bouleversants de ces dix dernières années. Mais il n’est pas le seul. Rien qu’en 2016, on a vu « Illégitime » de Adien Sitaru ou « Sieranevada » de Cristi Puiu. Le premier est un coup de cœur, le second un coup de gueule ; mais l’un comme l’autre sont remarquables par leur âpreté. Il y a un article à écrire sur la Roumanie au prisme de son cinéma où il faudrait évoquer aussi l’image que donne de la Roumanie des réalisateurs étrangers telle que l’Allemande Maren Ade, la réalisatrice de Toni Erdman.
Cristian Mungiu réalise son troisième film en dix ans seulement. On y retrouve les mêmes qualités que dans « 4 mois… ». Une critique au scalpel de la société roumaine. Mais une critique jamais simpliste. Rarement aura été décrit avec autant de finesse le processus par lequel des relations de corruption se nouent. Il suffit d’une vie dure, de règles administratives obscures et idiotes… et d’une solidarité un peu trop envahissante. « J’ai besoin d’un petit service que tu as la gentillesse de me rendre et pour lequel je te serai ultérieurement redevable ». Rien de plus. Rien de moins aussi. Car tout se paie comme Romeo en fera la douloureuse expérience.
Le film le décrit pris au piège de ses petites compromissions. Il a peut-être le défaut de le laisser au milieu du gué, sans dénouer tous les fils de l’intrigue qu’il a tissés. L’aurait-il fait, il aurait encouru la critique d’être trop didactique. Ne le blâmons pas pour cela.
Baccalauréat est un film bouleversant sur les relations père fille et passionnant sur la corruption. Brillamment mis en scène, porté par des acteurs icroyables, ce film est un chef d'oeuvre absolu!!! Ma palme d'or
Ce film est un chef d’œuvre absolu. Halletant du début jusqu'à la fin, les rapport père-fille sont décrits avec une très grande finesse et comment faire le mal en voulant faire le bien avec une grand intelligence. A ne rater sous aucune prétexte, un des meilleurs films de l'année^.
Un joli drame qui questionne sur la réussite et les moyens d'y parvenir avec pour unique but : fuir un pays considéré comme sans avenir et où l'ombre de Ceausescu suinte toujours ... un peu long toutefois !
C’est pas la joie ! Voilà sans doute l’impression dominante après les 2h10 de projection. Pas la joie d’avoir fréquenté des familles où domine une telle déprime, d’avoir voyagé dans une Roumanie à ce point corrompue, d’être resté longtemps prisonnier d’un parcours aussi trouble que monocorde. La question est : pour pointer les compromissions et les trafics d’influence qui règnent semble-t-il en maîtres dans le pays, faut-il les multiplier à l’écran au point d’étouffer le spectateur ? Faut-il, pour montrer l’abattement d’un pays, choisir un tel ton morose et des plans-séquences si épais ?... C’est l’excès de larmes qui peut affecter un propos tragique jusqu’à en faire un mélo trop appuyé. Et le style de Cristian Mungiu qui signe ce « Baccalauréat » ne donne pas dans la sobriété mélancolique. Un synopsis intéressant Dommage, car la trame est intéressante. Comment, de modestes arrangements en méchantes malversations, la relation éducative d’un père à sa fille bien-aimée peut tourner mal. Jusqu’à tomber dans l’immoralité globalisée justement parce qu’il tient au meilleur pour elle. Cela nous est dépeint par accumulation de petites touches subtiles, mais aussi par empilement de plus gros traits. À quoi peut mener l’individualisme dans une société malheureuse, défaite par les malversations ? Jusqu’où pousser les compromissions pour favoriser sa famille ? Le film nous montre comment une Roumanie actuelle peut réagir à ces interrogations. C’est pas la joie…
S'il se révèle en deçà de "4 mois, 3 semaines, 2 jours", "Baccalauréat" s'avère tout de même très percutant et poignant. La mise en scène, toute en longs plans-séquences fixes, sert notamment à illustrer le statisme d'une société roumaine sclérosée en proie à la corruption.
On suit un médecin roumain qui est marié et qui a une fille de 17/18 ans. Son mariage va très mal et il a une maîtresse depuis un an. Sa femme tolère cette tromperie et sa maîtresse espère plus d'implication. Aussi ce médecin ne souhaite qu'une chose : que sa fille réussisse son bac afin qu'elle quitte la Roumanie pour réussir sa vie ailleurs. Mais elle préfère rester en Roumanie auprès de sa famille et de son petit copain. Un gros problème va survenir : la fille va subir une agression en plein jour et elle va être choqué psychiquement et blessée au bras et à la main, juste avant de passer les épreuves du bac. A partir de là les choses vont empirer que ce soit avec sa fille, sa femme, sa maîtresse, son travail, ses relations bref avec tout. L'histoire est assez compliquée et nous n'aurons pas toutes les réponses aux questions que l'on se pose, par exemple : spoiler: qui est l'auteur du bris de la vitre ? qui est l'auteur de l'agression de la fille ? le petit ami a-t-il vu ou non l'agresseur ? à la fin la fille va-t-elle rester en Roumanie ou partir ?
Avec ce nouveau film Cristian Mungiu, récompensé au dernier Festival de Cannes par le prix de la mise en scène, plonge le spectateur en plein cœur d'une Roumanie d'une incroyable tristesse. Un médecin, tente d'imposer à sa fille ses idées et tout ce qu'il juge nécessaire afin de lui assurer un avenir meilleur, mais surtout, ailleurs. Le scénario survole la propre histoire de Romeo, ce père, et principal protagoniste du film. Sa propre vie n'est ici qu'une succession de faits à peine effleurés. Son mariage qui, visiblement part à la dérive. Il en va de même sur la relation qu'il entretien avec une maîtresse, désireuse d'une autre vie. Cette dernière attend surtout de son amant un rendez-vous avec orthophoniste pour son fils. Des faits divers et variés ne trouvent aucune explication, tels vitres brisées en pare chocs qui vole en éclats. Pire encore, une agression sur la propre fille de Romeo. Pas davantage d'explications quant au petit ami qui, selon le père, pourrait être le coupable. Plus certainement le témoin de la dite agression. Seule véritable constatation l'impuissance de la police. Entre passe droit malversations et tricheries diverses Romeo voit ses idéaux s'effondrer les uns après les autres. Seul conseil d'un policier pour se prémunir de certains de ces délits, installer une caméra de surveillance. Tout semble partir à la dérive. Je me souviens de l'émotion ressentie avec les précédentes réalisations de Cristian Mungiu "Au-delà des collines" ou encore le magnifique "4 mois, 3 semaines, 2 jours". Dans ce dernier film, d'une incroyable noirceur, l'ensemble manque de profondeur.
Cristian Mungiu, abonné aux récompenses cannoises depuis dix ans, remporte cette année le prix de la mise en scène avec "Baccalauréat", un drame sans surprises mais solide sur la corruption en Roumanie et sur les limites d'une certaine éducation. Le film porte un discours très pessimiste sur les possibilités de ne pas tomber dans l'illégalité dans un pays prenant l'eau de toute part en faisant de son personnage principal, Romeo, un père prêt à tout pour que sa fille obtienne son bac après avoir été agressée. Mais si ce père angoissé et hyper protecteur est prêt à renier ses principes éducatifs (rester droit ne compte plus, seul le résultat importe), c'est parce qu'il se sent responsable de ce qui est arrivé à sa fille, ne la laissant pas devant le lycée car pressé de rejoindre sa maîtresse. Et tout le film est animé par le besoin de Romeo de se rattraper jusqu'à ce qu'il propose à sa fille de truquer ses examens; mais Mungiu a trouvé dans le personnage d'Eliza un symbole d'une nouvelle génération qui souhaiterait mettre fin à un système gangrené, quitte à ne pas aller étudier en Angleterre. Il y a ce que les parents veulent pour les enfants, au point presque de décider pour eux, et ce que ces derniers souhaitent au plus profond d'eux-mêmes et qu'ils finiront pas appliquer. Le véritable sujet du film, que le scénario dévoile progressivement, tient bel et bien dans cette idée émouvante que les parents doivent un jour ou l'autre laisser le pouvoir à ceux qui l'ont accepté, que les enfants sont devenus des adultes sans que ceux qui les éduquent ne s'en soient rendus compte; ainsi, l'agression d'Eliza aura au moins permis d'inverser le rapport de force père-fille et de faire valoir la supériorité du libre-arbitre à l'oppression des parents, prisonniers d'un pays dans lequel ils ne croient plus.
Film très intéressant qui allie avec beaucoup d'intelligence suspense policier, portrait de deux quadragénaires jadis idéalistes et aujourd'hui désabusés, état des lieux de la Roumanie contemporaine gangrenée par la corruption et dilemme cornélien autour de cette question : peut-on en vue d'un bien à venir transiger avec la morale et faire ce qui est mal ? A recommander !
Mungiu, c'est du solide : le réalisateur roumain ne repart jamais bredouille du Festival de Cannes.
Comme chez Farhadi ou Zvyagintsev, on sait qu'il va être difficile d'être franchement déçu, tellement la somme des qualités qui entourent le film est grande : scénario millimétré, élégance suprême des mouvements de caméra, acteurs au top.
Baccalauréat commence en plus très nerveusement (pour un Mungiu), avec un jet de pierre dans la vitre, qui m'a brièvement rappelé une scène magnifique de la Palme d'or Winter sleep, puis une succession d'évènements plus ou moins violents et dérangeants.
Le film déploie après ce début plutôt surprenant toute une panoplie de thématiques profondes et intéressantes : la génération qui est revenue en Roumanie après la chute de Ceausescu, la corruption endémique, les conflits moraux de plusieurs ordres.
Dans ce film dérangeant et intelligent, Mungiu malmène notre sens du bien et du mal, avec un talent qui abandonne certaines fioritures de mise en scène pour tendre vers l'épure, au service de ses personnages.
L’écriture de Christian Mungiu nous tient par les tripes, nous dérange. Il ne nous laisse pas plus le choix qu’à ses protagonistes, il nous happe et nous entraîne dans un tourbillon intense dont on se demande sans cesse s’il va nous relâcher. Il procède à l’analyse fine d’une relation éducative tout en disséquant, sans la moindre concession, une société roumaine distordue par les trafics d’influence, les compromissions, où tout chez l’humain, de l’âme à la chair, se négocie dans la plus totale amoralité. Ce film confirme le réalisateur roumain comme un des plus importants du cinéma international actuel.
Le cinéma roumain se fait une belle percée chez nous depuis quelques années mais caractérise peut-être un peu trop ce que beaucoup qualifieront de cinéma d’auteur intello pour rester poli ou chiant pour être plus direct et prosaïque. Cristian Mungiu est l’un des fers de lance de cette nouvelle vague venue de l’Est et surtout le récipiendaire de la Palme d’Or pour « 4 mois, 3 semaines, 2 jours ». Et « Baccalauréat » ne déroge pas à la règle de ce type de films tout à fait adaptés aux festivals européens, à la fois très austère formellement mais trempé dans des thématiques de fond fortes et intéressantes. On se demande juste encore une fois pourquoi le Jury lui a remis le Prix de la mise en scène dans ce palmarès cannois vraiment très contestable cette année.
Néanmoins, en dépit de cet état de fait que peu pourront contester, « Baccalauréat » s’avère être beaucoup plus accessible, plaisant à regarder et surtout réussi que son collègue de compétition, l’interminable « Sierra Nevada », dont les plus de trois heures nous apparaissaient comme un chemin de croix. Les deux films ont en commun de dresser, en parallèle de leur intrigue principale, un état des lieux de leur pays après la chute du communisme. Un pays exsangue que l’ouverture à l’occident n’a pas pour autant détourné de la pauvreté, de la tristesse et surtout de la corruption. Il est clair que ce n’est pas un film divertissant et qu’il faut un certain volontarisme pour s’y plonger, mais c’est également ça le septième art.
Et cette corruption s’avère être l’un des deux vrais sujets du film. D’un côté la lutte d’un père pour que sa fille puisse accéder à une meilleure vie à l’étranger en obtenant son bac par tous les moyens, y compris les petits arrangements. De l’autre et surtout, la mise en branle de tous ces arrangements entre policiers, médecins, hauts placés et bourgeois qui n’hésitent pas à contourner la loi grâce à l’argent et au pouvoir au détriment de la morale. Et si le film est un peu trop long (bien une demi-heure de trop) et beaucoup trop bavard, il met en exergue de manière sobre et limpide cette corruption morale et financière qui gangrène le pays. La petite histoire - un peu triviale - qui se fond dans celle plus globale et passionnante du contexte actuel d’un pays qui souffre. Ténu, parfois lourd mais interprété avec conviction et réalisé avec soin.