Charmé par le premier volet, je n’ai pas hésité une seconde avant de foncer retrouver les petits insectes de « Minuscule » en salle. Les insectes, je ne les supporte qu’en dessins animés, le reste du temps, j’en ai une peur et/ou une aversion maladive. Mais ici, même les araignées sont adorables (et un peu caractérielles !), les fourmis ne sont pas des indésirables que l’on chasse à coup d’insecticides et les chenilles ne semblent pas dégoutantes. Ce second volet, qui va beaucoup plus loin que le premier dans l’aventure, met également en scène beaucoup plus d’humains que le premier film. C’est une petite déception pour moi, le premier film était presque sans humains et complètement sans dialogues, et c’est ce qui faisait à la fois son originalité et son charme. Dans ce second film, c’est différent. Thomas Szabo et Hélène Giraud ont convaincus des acteurs en chair et en os de venir prêter main forte aux insectes numériques. On reconnait même des acteurs très connus, comme Thierry Frémont ou Brunon Salomone. Mais le rôle des humains est malgré tout anecdotique (même si c’est à cause d’eux que tout arrive), ce ne sont pas eux les vraies stars du long métrage. Comme la première fois, le film est quasiment muet, juste avec des « bzzz bzzz » et « cric cric » mais l’on comprend tout, comme si on parlait la langue des insectes, grâce aux intonations. Ce film pourrait parcourir le monde entier sans avoir besoin d’aucun doublage, d’aucun sous-titre. Forcément, la musique est omniprésente, il faut bien meubler le silence comme à l’époque des films muets. Elle est agréable, parfois envahissante, on l’aurait peut-être aimé un peu plus variée. Le rythme est très soutenu, les rebondissements s’enchainent, on ne s’ennuie pas quand on est un adulte. Quand on est un bout de choux, on peut peut-être finir par trouver le temps long. Mais quand on est une grande personne un peu cinéphile, on s’amuse à essayer de repérer les clins d’œil aux classiques du cinéma, de « Là-haut » à « Pirates des caraïbes » en passant par « Le livre de la Jungle » ou « Le Retour du Jedi » (mais je me fais peut-être des idées et vois des références là où il n’y en a pas !). Le mélange images numériques/véritables prises de vues est merveilleux de poésie, exactement comme dans le premier film, techniquement c’est impeccable et c’est enchanteur pour le spectateur qui ne sait jamais s’il est dans un film d’animation ou un film normal. Il est dans les deux, cela s’entremêle comme par magie. Le scénario du premier volet, dans mon souvenir, était plus réaliste et plus réussi, peut-être un peu moins enfantin que celui-ci. Dans « Minuscule 2 – Les Mandibules du Bout du Monde », les incessantes péripéties qui s’enchainent ne sont pas crédibles une seule seconde :
les coccinelles rattrapent les Airbus au décollage, elles savent lire les étiquettes, les piles alcalines peuvent faire plusieurs fois le tour de la Terre sans rendre l’âme, les requins avalent des objets et les recrachent intacts, les I-Pod ne se déchargent jamais et j’en passe
. Tout est improbable comme dans tout film pour enfants qui se respecte. Nous, adultes, on sourie dans notre coin mais on passe l’éponge : on est dans un monde imaginaire
ou les fourmis peuvent envoyer des messages du Mercantour aux Caraïbes justes avec leur antennes,
quand on a avalé ça, le reste passe tout seul ! L’action se déroule sur deux plans : d’un côté les deux coccinelles se cherchent dans la jungle, rencontre des insectes exotiques dangereux, viennent en aide à d’autres insectes et se fendent même d’une mission de préservation du littoral. De l’autre côté de l’Océan, la fourmi et l’araignée cherche à traverser l’Atlantique par leur propre moyens pour venir au secours de leur amis. L’Ecologie, l’amitié, la relation père-fils, le courage et l’abnégation, l’altruisme aussi, toutes ces valeurs très positives sont proposées aux enfants et aux grands dans ce film, de façon frontale ou plus détournée. Donner aux animaux des réflexes et de pensées humaines est un grand classique des films d’animation, ça marche toujours et c’est plus efficace sur les jeunes esprits que quand ces mêmes valeurs sont portées par des humains. Pour apprécier « Minuscule 2 – Les mandibules du bout du Monde », il faut abandonner son âme d’adulte à l’entrée de la salle pendant 90 minutes, et accepter un film poétique au message simple et essentiel. Peut-être un tout petit peu moins réussi que le premier volet, ce second film n’en demeure pas moins une bulle de poésie et de fraicheur dans un monde et à une époque qui en manque cruellement.