Emilie Thérond n'a pas été une élève modèle, tout du moins à l'école élémentaire, comme on peut en juger lors d'une séquence de son film qu'elle consacre à son instituteur de l'époque, Mr Burel. Pourtant elle est devenue réalisatrice et consacre un très beau documentaire à une profession qui est en train de disparaître. "Comment ça disparaître ?!!! L'Education recrute à tour de bras ! " (là, ce sont les réflexions que tout lecteur se fait en lisant la phrase précédente.). Non, des comme cet instits, ils ne doivent pas en trouver des masses au ministère ! Imaginez quelqu'un qui aura passé toute sa carrière dans un même village du Gard, en classe unique et créant une école ouverte sur la vie et le monde, comme une deuxième maison pour les enfants. Loin d'être un pédagogue à la pointe de la modernité, faisant fi des préparations toutes prêtes et sans grand intérêt dénichées sur internet, tout comme des tablettes et autres gadget numérique, Mr Burel apprend les règles d'orthographe, les mathématiques et tout ce qu'un jeune enfant doit savoir pour en faire une personne responsable et autonome. Ayant la chance d'habiter à la campagne, ses élèves sont à l'école de la vie et de la nature, écoutent leur maître sous un grand chêne aux beaux jours, font des cabanes et grimpent même très haut dans les arbres, ce qui ferait frémir le moindre instit actuel (et parent) car à l'école, tout est devenu dangereux et interdit. Cependant, cela ne l'empêche pas d'amener sa classe en visite à Paris. Dispensant son savoir avec humour, bonhommie et rigueur, ce maître comme on n'en fera plus beaucoup, vit sous le regard de la caméra de son ancienne élève, sa dernière année scolaire avant sa retraite. Rythmée par les saisons, cette ultime classe vivra comme d'habitude avec ses élèves en manque de confiance, les bagarreurs, les querelleurs, mais toujours sous le regard bienveillant de Jean-Michel Burel.
Bien sûr, le film fait penser au fameux "Etre et avoir", mais là où tout semblait factice et fabriqué chez Nicolas Philibert, Emilie Thérond attrape des moments de vérité sur le vif. Pas d'élève craquant mise en avant et en scène, juste une vraie réalité de classe, rien ne semble reconstitué, rejoué, tout est naturel. Sa proximité avec Mr Burel, jamais cachée, lui permet de capter des moments de confession sur son métier qu'il faudrait montrer à tous les futurs enseignants. Evoquant son début de carrière, où il reconnaît avoir été moins cool par peur de se faire déborder, il rajoute aussi qu'un enseignant qui ne fait pas rire ses élèves, ne fait pas un peu le couillon devant eux, ne doit pas être bien rigolo et offre une classe pas marrante aux jeunes qui doivent s'ennuyer à mourir auprès de lui (et du coup doute de l'efficacité de son travail qui pour lui, ne peut se faire que dans une bienveillance).
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