Utiliser certaines mécaniques grossières pour appuyer son message fonctionne parfois, Okja en est un exemple parfait. Histoire d'amour entre une fille et son animal de compagnie totalement bouleversante, qui, malgré du mélo à n'en plus finir, parvient à montrer un conflit non-manichéen. Les écolos sont même un peu ridiculisés, et le film pousse assez loin les clichés des jeunes défenseurs de la nature, offrant plusieurs scènes vraiment drôles. Pour le coup la vision de l'immense entreprise riche et malfaisante est assez simple, ajoutant à l'aspect "fable" de l'ensemble. Dans sa manière de traiter les émotions, Okja est l'opposé de Mother. Ce dernier reste son film le plus émouvant selon moi mais d'une manière très différente, elles sont bien plus contenues, dérangeantes, laissant un malaise qui hante le spectateur même après que le film soit terminé. Okja est bien plus généreux dans sa manière d'émouvoir, très direct, très simple, très efficace, une tristesse presque agréable. Le film paraît très calculé à ce niveau là mais j'ai accepté la simplicité du film. On sait parfaitement quand pleurer et le plan où les cochons hurlent tous dans les enclos semble avoir été conçu comme "l'instant où tout le monde va pleurer", et ça marche, c'est ça le plus drôle. Mais pourtant je n'ai pas eu l'impression d'avoir été trompé par le film, dans le sens piégé, cette fin est une conclusion parfaitement logique. Au delà de sa fin, Okja est un film d'une efficacité folle, qui contient, tout comme The Host, un tas de scènes vouées à marquer le spectateur, et parvient à les rendre puissantes par sa mise en scène. Je retiens évidemment la scène des retrouvailles sur scène entre Okja et la gamine, très puissante et la scène où Paul Dano est le plus impressionnant. Les acteurs parviennent tous à offrir des performances vraiment marquantes, malgré le grotesque de certaines prestations, notamment celle de Jack Gyllenhaal, avec sa petite voix fluette qui fait bien rire. Film qui, au contraire de la majorité il semblerait, m'a beaucoup marqué, et possède en lui une force intense qui est une vraie claque sur le moment, mais s'estompe rapidement. C'est pourquoi, malgré le sujet difficile, c'est sans doute le Bong Joon-ho le plus simple à voir, et le plus simple à revoir.