À tous les vents du ciel est le premier long-métrage de Christophe Lioud. Le néo-cinéaste a notamment été producteur de La Marche de l'empereur, J'irai dormir à Hollywood ou le récent C'est quoi cette famille ?! : "Après plus de vingt ans passés dans la production, j’ai souhaité revenir à mes premières amours et repasser à la réalisation. J’avais tourné des choses très variées et j’ai eu envie de me lancer dans un premier long métrage de fiction avec le désir d’aborder un certain nombre de thèmes qui me touchaient : la culpabilité liée à la mort d’un proche, la quête de liberté… Le livre de Jean-Baptiste Destremau, Si par hasard, dont un ami m’avait conseillé la lecture, contenait tous ces motifs", indique le cinéaste.
Noémie Merlant incarne Claire, le personnage principal de À tous les vents du ciel. Bien qu'elle soit âgée de 27 ans, elle joue une jeune fille de 17 ans dans le film. L'incandescente actrice ne sait pas seulement jouer la comédie, elle est également une chanteuse accomplie. En effet, c'est elle qui interprète la chanson "Fate" tirée de la bande-originale du long-métrage. La jeune femme a été révélée en 2014 dans le film Les Héritiers. On a aussi pu la voir dans La Crème de la Crème et le récent DieuMerci.
Noémie Merlant a été choisie par Christophe Lioud après un très long processus de casting où il a pu voir beaucoup de comédienne : "Noémie s’est imposée au film et à moi : la profondeur de son jeu, tout ce qui passe dans ses yeux- la détermination, l’émotion-, sa voix… Elle est belle- c’est pour moi mieux que jolie ; juvénile – à 27 ans, elle réussit à en paraître 17. J’ai aimé son visage hors du temps, un peu début XIXème mais qui pourrait aussi appartenir à la science fiction. Et j’ai apprécié son engagement. Noémie se retrouvait dans l’histoire du film. Son propre parcours et ses expériences de vie l’ont amenée à réfléchir sur le sens profond de l’existence. Coïncidence amusante dans un film où le hasard a sa part, elle a passé son enfance dans la région où habite l’héroïne du film, et y a même monté un groupe de rock. Elle et moi nous sommes vraiment retrouvés engagés dans le même combat", confie le cinéaste.
À tous les vents du ciel est l'adaptation cinématographique du roman intitulé Si par hasard écrit par Jean-Baptiste Destremau publié en 2013.
Le roman de Jean-Baptiste Destremau (et a fortiori À tous les vents du ciel) se base sur un fait réel : "En août 1997, une famille de Français a péri dans le Canyon de l’Antilope au Sud Ouest des Etats-Unis au cours d’un raz de marée souterrain et Jean-Baptiste Destremau a imaginé l’histoire cette fille, âgée de 16 ans, qui aurait été consignée à l’hôtel, et aurait ainsi échappé au drame. Le sentiment de culpabilité qui étreint cette adolescente m’intéressait particulièrement : comment fait-on pour survivre avec un tel boulet à traîner le reste de son existence? Voyez les survivants d’attentats qui s’interrogent sur les raisons pour lesquelles ils sont encore en vie et se sentent fautifs de ne pas avoir partagé le sort des victimes", explique Christophe Lioud.
Christophe Lioud a écrit le scénario de À tous les vents du ciel avec la scénariste américaine Lynne Moses : "J’avais déjà travaillé avec Lynne et j’ai aimé l’idée d’allier le pragmatisme américain au romantisme français. Les Américains ont un sens du dialogue qui me séduit: très imagé, très percutant, alors que nous autres Français sommes fascinés et un peu envahis par les mots. Cette sobriété dans l’écriture me semblait propice à permettre aux spectateurs de s’investir dans les images, ressentir les émotions au plus profond d’eux-mêmes", relate le metteur en scène.
Dans le livre de Jean-Baptiste Destremau, Claire, le personnage principal, voyage entre les Etats-Unis et le Japon. Christophe Lioud a décidé de transposer l'histoire en France et en Afrique du Sud : "La barrière de la langue a joué. Tourner le film entièrement en anglais aurait été compliqué. J’ai passé beaucoup de temps à réfléchir à l’endroit où Claire pouvait faire ce voyage. Il fallait qu’elle se sente perdue au bout du monde dans un pays un peu complexe pour qu’elle n’ait pas envie de rentrer tout de suite ; je rêvais de paysages superbes et désertiques – au cinéma, c’est souvent dans le désert qu’on fuit pour se retrouver face à soi-même. L’Afrique du sud s’est imposée et notamment ce lieu magnifique – la Grande Arche-, un endroit inaccessible situé dans les montagnes à 4 heures de marche, dans le Cederberg au nord du Cap qui marquait véritablement pour moi le passage de Claire entre sa vie d’avant et celle d’après", raconte le réalisateur. En ce sens, Lioud a dû s'acharner pour convaincre l'équipe sud-africaine de faire 4 heures de marche avec tout le matériel pour tourner sous la Grande Arche la scène du précipice et de la grotte.
À tous les vents du ciel est quasiment intégralement tourné caméra à l'épaule : "Ce n’est pas de l’épaule hystérique. Il s’agissait de montrer le fragile chaos dans lequel l’héroïne se débat sans que l’image soit chaotique, en alternant des mouvements fluides et d’autres, plus heurtés", indique Christophe Lioud.
Christophe Lioud a travaillé avec le compositeur Eric Neveux (Pattaya, Boomerang, Un Homme à la hauteur) sur À tous les vents du ciel : "J’adore son univers. Il apporte au film un grain de profondeur, de tendresse et de mélancolie formidable. C’était une collaboration très riche, très différente de ce que l’on peut vivre en tant que producteur. Le partage des expériences de chacun est une chose que j’ai vraiment appréciée dans cette aventure. Chacun contribue à rendre le film vivant, à le nourrir. Le montage son, dont on ne parle jamais, le mixage… tout compte. Il y a, par exemple, des choix très marqués et un vrai parti pris sur la bande son : des sons décalés ou inversés, des disparitions, des effets de loupe. Je pense ainsi au passage où Claire comprend qu’il s’est passé quelque chose en voyant arriver la voiture de ses parents conduite par des policiers : on est vraiment dans sa tête. On a fait un gros travail avec Christophe Henrotte, le mixeur", affirme le metteur en scène.