Si ‘Charlie’s angels’ ne pouvait que resurgir à la faveur de la prise de conscience de ces dernières années sur la place des femmes dans la société et spécifiquement dans le cinéma, la lourdeur Woke des divertissements qui prétendent faire oeuvre utile et apporter leur pierre au débat suscitait de grosses inquiétudes. Sans surprise, tout commence abominablement mal dans ce nouveau reboot : il suffit de quelques minutes pour se faire asséner une moraline à gros sabots qui croit avoir réinventé la roue et feint d’ignorer que même la série de 1976 (sans parler des deux films des années 2000) était, à sa façon implicite et en fonction des possibilités de son temps, tout à fait féministe. Pour ne rien arranger, le personnage incarné par Kristen Stewart, dont la réalisatrice a décidé qu’il attirerait tous les regards, est tout bonnement insupportable et l’humour, indispensable dans un film qui se veut pop et déluré, tombe complètement à plat. Pourtant, bon gré mal gré, le film parvient peu à peu à trouver son propre rythme : il semble comprendre que les lourdeurs sur-explicatives n’ajoutent rien au message, Kristen arrête d’en faire des tonnes et si on ne trouve pas l’ensemble beaucoup plus amusant, ‘Charlie’s angels’ retrouve un peu de la légèreté et de la désinvolture d’un James Bond des années 80. Malgré une dose honorable de scènes d’action et d’infiltration, on suit donc l’affaire sans grand intérêt, même si le scénario fait tout ce qu’il peut, à grands renforts de retournements de situation, pour ne pas laisser le soufflé retomber. En fait, s’il n’était pas l’héritier d’une franchise mémorable justement parce qu’elle donnait le pouvoir aux femmes, on oublierait cette nouvelle version séance tenante. Aujourd’hui, même si l’égalité est encore une lointaine utopie, ce n’est pas comme si les polars, les films de super-héros et d’une manière tout ce qui est “Genre” étaient encore des bastions exclusivement masculins. ‘Charlie’s angels”, par sa stature historique et le potentiel qu’il y avait à travailler, aurait pu être un morceau de choix au sein de cette nouvelle tendance...mais il n’en résulte paradoxalement à l’usage que l’impression d’avoir affaire à un de ces female-washings opportunistes de dernière minute, à la ‘Ghostbusters’.