La presse et la grande majorité des spectateurs ont taillé un costard à cette suite des Drôles de Dames, le condamnant plutôt à être une première pierre qui restera seule. Mais en toute franchise, même si l'on a trouvé le film excessivement lent et long, avec un propos qu'on peut facilement interpréter comme du féminisme (pour notre part, le côté "féministe" nous a nettement moins piqué les yeux que pour Ocean's Eight...), et un soin à l'écriture pas très poussé, on ne jette pas tout de ce Charlie's Angels. A commencer par le trio en tête d'affiche, qui fonctionne impeccablement, avec une petite préférence pour Kristen Stewart (qu'on apprécie bien, avec en bonus la coupe cheveux courts qui lui va décidément mieux) et son personnage grande gueule comme on les aime. On a aussi adoré les traductions françaises en roue libre, qui nous ont fait beaucoup rire, dont notre scène favorite : lorsque Sabina a quasiment la tête dans le broyeur, on se retrouve avec "I'll crush in here" ("Je vais m'écraser / me faire broyer dedans") traduit par "Je vais me fendre la gueule"... Non, vraiment, on remercie les traducteurs pour ce grand moment de rire. On a nettement préféré ces quelques notes d'humour (surtout traduites en freestyle dans les sous-titres VF) entre les Dames, quelques vacheries lancées qui font mouche, plutôt que les longues scènes comiques forcées, limite gênantes, dont on ne voit pas trop l'utilité (on repense au dialogue "Burt Lancaster / Michael Keaton / Ben Affleck", affligeant). Dans sa globalité, Charlie's Angels se rate surtout sur son rythme déséquilibré entre les scènes d'action (pourtant pas mal, on a bien aimé la cascade de la "portière-ceinture" dans la voiture, et celles dans la carrière de roches) et le blabla inutile (interminable de jacasseries), et un scénario uniquement fait de trahisons à la chaîne, ce qui est redondant. Ajoutez à ça une bande-musicale balourde (et une BO faite de chansons d'Ariana Grande... Oh, joie), et des personnages masculins font aussi pale figure face au trio de tête (des beaux gosses un peu bébêtes), jusqu'au final où Patrick Stewart a le temps de nous montrer qu'il est très fatigué et ne vient que pour récupérer son chèque. Avec (beaucoup) plus de soin sur le scénario et sur les personnages hors-trio principal, ce Charlie's Angels aurait pu donner une saga justifiant de faire revenir les "originales" dans le générique de fin (ne partez pas si vite...) pour des caméos qui feront plaisir aux nostalgiques, le temps de deux secondes. Le trio d'actrices est complémentaire, on aime leur personnage de femme badass, et quelques cascades sont amusantes. Surtout si on peut se fendre la gueule.