Viva a été sélectionné pour concourir à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère pour représenter l'Irlande à la dernière cérémonie qui a eu lieu le 28 février 2016. Finalement, Le Fils de Saul, A War, L'Etreinte du serpent, Mustang et Theeb ont été en compétition et c'est le premier qui remporta la précieuse statuette.
Paddy Breathnach est un metteur en scène qui adore changer de registre d'un projet à l'autre puisqu'on lui doit, avant le drame Viva, des films aussi différents que l'horrifique Shrooms ou encore la comédie Coup de peigne avec Josh Hartnett.
Cadre spatial du film, La Havane est représentée comme un personnage à part entière. Ainsi, lorsqu'il s'est rendu dans la ville, Paddy Breathnach a noté qu'elle est composée de deux parties, la première, belle et rénovée, qui est surtout réservée aux touristes et la seconde qui est davantage authentique. C'est dans cette dernière qu'il a souhaité filmer l'action de son film.
Le film a été tourné pour un budget réduit en 22 jours d'après Paddy Breathnach. L'équipe a donc opté pour réaliser le film dans la foule sans prévenir les gens se trouvant sur les lieux. "Nous n’avons pas essayé d’empêcher les gens de marcher ou de traverser la rue. Les passagers des bus sont de vrais passagers qui ne savaient pas que nous allions filmer", se rappelle le réalisateur.
Paddy Breathnach a eu envie de réaliser Viva après avoir vu plusieurs spectacles de drag-queens à La Havane. Le metteur en scène confie : "Au beau milieu de nulle part, un drap tendu au fond d’un jardin et une simple lampe suffisaient à créer un théâtre et un monde de rêves. Le pouvoir de la transformation et de la création était guidé par le désir d’exprimer son identité d’une voix brute, imperturbable. C’était enivrant. J’ai souhaité amener ce ton romantique, plein de vie, dans un univers cinématographique naturaliste. Lorsque j’ai découvert la grande richesse des acteurs cubains, cela m’a permis de pousser ce mélange d’émotions exubérantes, d’authenticité, d’esthétique et de naturalisme encore plus loin."
Paddy Breathnach et son scénariste Mark O’Halloran ont cherché à explorer le thème de la transformation et à montrer comment l’usage d’artifices permet de créer une alchimie qui révèle des vérités profondes. Le premier développe :
"Au coeur du film, il y a l’affrontement entre un fils et son père sur la question de son identité et de l’amour filial. La collection de vinyles de la mère de Jesus, faite de voix romantiques et plaintives, joue presque le rôle d’un individu à part entière qui pousse les personnages masculins à se révéler à eux-mêmes. Je voulais raconter une histoire où le spectateur trouve la lumière au milieu de l’obscurité et où ce qui au début est perçu comme une faiblesse se révèle être une force."
Paddy Breathnach voulait dans son film montrer la prostitution telle qu'elle existe à Cuba, à savoir comme une dernière chance de survie. Le cinéaste développe : "Beaucoup de gens sont contraints de faire des choses qu’ils ne feraient pas en temps normal. Des gens, qui d’ordinaire ne se tourneraient pas vers la prostitution, y sont conduits parce que la vie est dure, qu’il est très difficile de subvenir à ses besoins et que c’est parfois la seule solution."
Paddy Breathnach avoue avoir été nerveux avant le tournage parce que l'espagnol n'est pas une langue avec laquelle il se sent à l'aise. "J’ai compris assez vite que si vous avez quelque chose à dire et que vous en avez une idée claire, vous pouvez surmonter les barrières de la langue. En vous expliquant avec votre détermination et votre personnalité, les acteurs comprennent vos intentions et ce que vous voulez faire", explique le metteur en scène.
Les chansons des drag-queens ne sont pas sous-titrées. Il s'agit d'une volonté de Paddy Breathnach qui pense que si le spectateur se concentre sur la lecture des paroles, il perd la force de ce qui est donné sur scène.