Il est impressionnant de constater à quel point il serait si compliqué d’établir un retour constructif avec une telle bêtise qui n’a d’égal que sa médiocrité. Disney+ se trahit lui-même, avec ce nouveau faux-né de l’avant dernière pluie. Il n’est pas étonnant de retrouver une œuvre si impersonnelle déserter les marches vers les salles obscures, car le résultat final en témoigne. Depuis, « Thor », Kenneth Branagh semble avoir expiré son dernier souffle Shakespearien, ce qui le rendait audacieux, à défaut d’être pertinent par moment. Ce nouvel exemple le met dans l’embarras, tout comme l’auteur Eoin Colfer, dont il se révèle être la première victime de cette abominable adaptation. Si l’univers de ce dernier souhaitait galvaniser par la diversité et la magie, ce produit cinématographique, s’il est encore identifiable en tant que tel, il se fourvoie allègrement dans la contradiction et l’alimente avec excès et incompréhension.
Il n’y a typiquement rien de viable dans l’approche d’un récit qui se veut fantastique, dès lors qu’il délaisse tout ce qui aurait pu attiser notre curiosité dans ce domaine. Le film lui-même refuse de nous plonger dans cet inconnu, certainement réservé pour une « suite » ou notre imaginaire en panne d’inspiration et c’est à partir de là que l’on commence à créer de la distance entre notre intérêt et ce qui défile stérilement à l’écran. Dans la catégorie introduction, sous une voix-off tout aussi impertinente qu’insupportable, le CV du héros et des personnages qui l’entourent sont évacués à la manière d’une pluie de polystyrène en flocon, cela n’a juste aucun sens, ni dans la forme, ni dans la consistance, ni dans la trajectoire. Ce qui est encore plus regrettable, c’est d’avoir troqué l’assurance et le charisme d’Artemis Fowl junior (Ferdia Shaw) avec de l’insolence comme il n’est plus permis d’en faire, même lorsque de bonnes fessées se perdre. Entre un pseudo agent pas trop secret et le faux ambassadeur de paix entre deux mondes, il n’est pas possible de distinguer la crasse de la bouse. Après quoi, il reste 90% d’une œuvre à découvrir, si le courage osait seulement nous accompagner…
De bout en bout, les maladresses s’enchainent, parfois faute de goût, avec une esthétique qui ne gratte qu’à la surface d’une pépite, semble-t-il ou encore des décors et costumes aussi kitsch qu’une parodie de « Men In Black », « Epic » et bien d’autres encore, puis parfois faute maturité, noyant ainsi tout espoir d’approcher un public toujours fidèle et sérieux dans le simple exercice de lui répéter le nom d’un McGuffin dont on ignore encore l’intérêt de le véritable potentiel, sachant qu’il s’agit en plus d’un Deus Ex Machina. Le film surfe sur tellement de références, tout en faisant de l’auto-promotion pour un distributeur qui révèle plus de plaies qu’il ne pourra en panser. Les vétérans Judi Dench et Colin Farrell n’aideront pas non plus à remonter une pente bien raide. Ajoutons à cela toutes l’automutilation d’une intrigue qui condamne certains personnages dans l’impasse, afin de capter de l’émotion, chose qui est évidemment exclus, à défaut d’être artificielle. Il n’est même pas permis d’en rire dans cette rencontre de premier degré entre nous et ce qui nous éblouit avec tant d’incompétences.
En somme, « Artemis Fowl » ambitionne de marier les genres, les cultures et c’est déjà une recette qui aurait dû prendre forme au bout de ce mauvais pilote, déguisé en une attraction sucrée qui échoue au divertissement et au portrait d’une origin story. Le film a si peu de choses à raconter qu’on le bourre de cascades à ne plus savoir quoi en faire et en se demandant même s’il n’est pas déjà une parodie de lui-même. Les interactions n’ont rien d’humains, le rythme n’a pas de sens et le dénouement est tout aussi interminable qu’il repose sur « L’important, ce n’est pas de gagner, mais de participer ». Non merci et non merci.