Shemi Zarhin a toujours cherché, dans ses films, à se servir de la thématique de la famille comme d'un point de départ lui permettant de soulever des questions spécifiques et comprendre ce qui sépare les êtres. Le réalisateur confie :
"Là où les psychologues et les dramaturges voient des relations, je vois plutôt de la distance, et j'essaie de comprendre comment mes personnages ressentent cette distance, l'interprètent, et surtout comment la représenter à l'écran. L'incapacité des gens à vivre ensemble, même lors qu'ils le veulent désespérément, me fait rire et me rend triste tout à la fois. A mon sens, filmer une famille est le meilleur moyen de porter ces thématiques à l'écran, certainement parce que, dans la famille plus qu'ailleurs, les gens jouent un rôle, tentent de se conformer à ce qui est attendu d'eux, et se retrouvent prisonniers des non-dits."
De douces paroles raconte le périple d'une jeune femme et de ses deux frères qui tentent de lever le voile sur l'identité de leur père tout en faisant le deuil de leur mère, à laquelle ils étaient tous très attachés. Ils se lancent tous les trois à la poursuite de leur passé, qui est la clé de voûte de leur « véritable » identité, mais prennent également le risque de s'éloigner de leurs racines. Shemi Zarhin explique :
"Dans le film, je voulais avant tout montrer à quel point le passé joue un rôle dans notre présent et notre avenir. Nous sommes tous enchaînés par notre passé, par notre quête d'identité, et par notre aveuglement à ce sujet. Dans le film, les personnages mènent une forme de pèlerinage extrêmement dangereux pour eux-mêmes, mais l'affection et l'amour qu'ils se portent les sauvent d'une issue regrettable."
Malgré le sérieux du sujet, le film est empreint d'humour. Shemi Zarhin précise à ce sujet : "C'est important à mon sens que mes personnages fassent preuve d'humour, parce que cet humour apporte de l'optimisme au film et permet d'être plus en empathie avec les personnages. Mais la vérité, c'est que ce ton n'est pas fabriqué. Je perçois toujours mes films en nuances, sur le fil entre humour et tristesse. En un sens, c'est presque naturel."
Pour le choix des interprètes, Shemi Zarhin collabore régulièrement avec la directrice de casting Orit Azulay. Ses producteurs, Talia Kleinhendler et Osnat Handelsman-Keren, ont aussi leur mot à dire sur le casting. Sur De douces paroles, le défi principal à été de trouver des acteurs capables d'incarner trois personnages complexes et d'égale importance. Le metteur en scène nous en dit plus :
"Le critère de ressemblance physique n'avait pas d'intérêt pour moi. D'une manière générale, à mon sens, attacher trop d'importance au réalisme d'un film est une entrave à la créativité, puisqu'un personnage de film n'est pas une personne réelle, mais simplement l'idée et la projection que se fait le réalisateur ou le scénariste d'une personne réelle."