Pour Audrey Dana, nous portons tous en nous une part de l’autre "genre" et beaucoup de codes sociaux nous cantonnent, à tort, à l’un ou l'autre. La trame de ce film constitue ainsi un bon moyen de tordre le cou à ces "valeurs". Elle poursuit : "Il y a des hommes plus féminins que moi et des femmes plus « viriles » que certains hommes. Et si je suis honnête, parfois j’ai l’impression d’être un homme qui vit son rêve le plus fou : celui d’être une femme ! Mais ça, c’est parce que j’ai été élevée ainsi, « autorisée » à être qui je suis. Nous vivons dans une société assez machiste, fondée sur le fait qu’être un homme donne plus de droits. Que se passerait-il donc si on donnait ces « attributs masculins tout-puissants » à une fille ?"
A l'origine, il était question que Franck Dubosc et Stéphane de Groodt fassent partie du casting du film.
Audrey Dana a pu tourner Si j'étais un homme grâce au succès de Sous les jupes des filles qui avait réalisé le joli score de 1.3 million d'entrées en France. Par ailleurs, la réalisatrice retrouve pour son deuxième long métrage Murielle Magellan, déjà coauteur de "Sous les jupes des filles".
L'idée du film est venue il y a une vingtaine d'années à Audrey Dana lorsqu'elle a rêvé qu'elle se réveillait avec un pénis. Mais c'est il y a trois ans, lors de la postproduction de Sous les jupes des filles, que la cinéaste a pensé à une comédie centrée sur cette trame. Elle se rappelle : "Alors que je montais une scène avec Marina Hands qui joue une mère de famille naïve, dans l’abnégation, il m’est apparu que, si un personnage comme celui-ci se réveillait brutalement avec « un truc en plus », là, il y aurait une belle matière à comédie. L’idée d’en faire un film est ainsi née."
C'est au cours d'une nuit d'orage que le personnage de Jeanne se "métamorphose", comme dans Big, Freaky Friday ou Ce que veulent les femmes. Un choix d'Audrey Dana qui voit Si j'étais un homme comme un conte. "L’orage, c’est le propre du conte, mais c’est aussi l’électricité, l’eau, le feu, la terre. J’introduis ainsi le film avec l’idée d’une nature qui gronde et vient secouer Jeanne pour l’aider à se rencontrer et se mettre en marche", confie-t-elle.
Si j'étais un homme est aussi un film à la dimension écologiste via le personnage de Jeanne qui a une vision d’avenir puisqu'elle a dessiné une école qui sensibilise à la nature, à l’écologie et aux objectifs de développement durable. "Cette vision, c’est la « Jeanne qui ne s’autorise pas » qui la porte. Une fois qu’elle s’assumera pleinement, imaginez tout ce qu’elle pourra entreprendre : pas une école, mais toutes les écoles en France, par exemple !", explique Audrey Dana.
Avant l'écriture du scénario, Audrey Dana a interviewé beaucoup d’hommes en leur posant des questions sur leur rapport au sexe. Elle se rappelle : "Alors le deal était : je vous donne le pitch de mon film, c’est secret, et vous, vous vous racontez. De leur enfance à leur vie actuelle, tous ces hommes se sont livrés, parfois pendant de longues heures, ils ont parlé de leur sexe, de leur sexualité, sans honte, sans crainte, sans pudeur. Ce qui m’a le plus bouleversée, c’est que chacun d’entre eux m’a dit se sentir libéré à la fin de l’entretien, car c’était la première fois qu’ils parlaient de « ça » de façon aussi ouverte."
Audrey Dana a cherché à faire en sorte que son film soit une sorte de fable qui questionne la notion de genre tout en faisant tomber les clichés, avec cette idée selon laquelle il y aurait sans doute plus d’harmonie dans la société s’il y avait plus de féminin au pouvoir. "Le monde souffre d'être trop majoritairement dirigé par le masculin ! Mais si les frontières entre les genres éclataient, cela bouleverserait sacrément le patriarcat, qui est, lui, tout entier fondé sur une idée de scission entre féminin et masculin. D’où, sans doute, le rejet global des transgenres qui viennent secouer ces fondements… Le film exprime l’idée que les frontières réelles entre le féminin et le masculin sont ténues", note la réalisatrice.