Il est rare d'emblé de trouver dans un film autant de raisons au bonheur. "L'effet aquatique" de la regrettée et rare Solveig Anspach est à ce titre doublement exaltant. D'abord, parce que le film présente des personnages filmés comme un conte, à commencer par Agathe, l'héroïne et Samir, le soupirant, qui se cherchent, s'aiment, se repoussent, se séduisent, comme dans toutes les comédies humaines. Ensuite, parce que le film explore deux lieux bien connus de la réalisatrice, Montreuil, et son pays natal, l'Islande, dont on découvre la richesse des bords de mer, et surtout un certain mode de vie, un certain mode de pensée, une certaine vision de la démocratie dont nous aurions beaucoup à apprendre. Jamais désinvolte, "L'effet aquatique" est une sorte de fable déjantée, enthousiasmante, sensible et délicate. Très vite, on comprend dans le générique que la réalisatrice malade n'a pas pu aller au bout de son œuvre et qu'elle a bénéficié d'une assistance à son projet, et cela rend l'œuvre d'autant plus merveilleuse que l'artiste refuse la compassion et la misérabilisme. Tout est une question de malentendus, de doutes, d'espoirs et donc et de vie, au milieu de cette myriade de personnages qui se cherchent un peu de bonheur. Il est impossible de décrire ici toute la liste des personnages, mais chacun constitue une sorte de prétexte à la joie, au bien-vivre ensemble. En cela, "L'effet aquatique" constitue une œuvre d'utilité publique en ces temps troublés où l'humeur est à la contestation et à l'isolement.