L'ancien présentateur du JT d'Antenne 2 (82-87) reconvertit dans le cinéma écrit et réalise là son second et meilleur film. La rencontre entre un nabab de la finance et un jeune homme paumé mais à l'ambition perverse. Un jeu du chat et de la souris s'instaure entre fascination et pouvoir. Outre le jeu magnifique et juste des acteurs (Bernard Giraudeau magistral) le scénario est impeccable et implacable, le jeu de miroir entre les deux hommes offre un exemple parfait de manipulation malsaine. Le montage est aussi une réussite, passage entre présent (après la "rupture") et passé (lien et évolution de leur rapport) est bien maitrisé et reste un excellent choix . Il manque juste, peut-être, une musique plus présente et personnelle. Curieusement la fin manque par contre d'une véritable audace, il aurait fallu une apothéose plus marquée. Un thriller psychologique de haute tenue, aussi subtil que vénéneux.
Bernard Rapp réalise là un film à la forme quelconque mais au fond plutôt intéressant. En effet, si la construction en flash-back n'apporte pas grand chose au film, le duel entre Giraudeau et Lorit se révèle particulièrement original. Grâce à l'opposition de leur jeu d'acteur, la tension est palpable, et la relation entre les deux différents personnages s'éloigne des clichés. Le fameux rapport évolutif dominant-dominé, avec celui qui l'on croyait être le dominant et qui se révèle être finalement le dominé est ici laissé de côté. Ce qui nous est proposé, c'est une relation de fascination mutuelle, retranscrite à l'écran avec subjectivité, et donc intelligence. "Une affaire de goût" est globalement bien tenu, même si son final, presque attendu et finalement imparable, nous laisserait presque sur notre faim.
Film excellentissime avec deux acteurs superbes. À voir absolument. Bien trop vite délaissé. Le jeu pervers qui s'installe entre ces deux hommes est juste fantastique.
Une affaire de goût, Le goût des autres, deux films avec goût dans le titre nominés au César du meilleur film en cette année 2000 même si c'est finalement le film d'Agnès Jaoui qui a remporté le trophée. Deux films à la mise en scène assez plate, où les protagonistes parlent beaucoup. Est-ce gênant ? Non. Dans Une affaire de goût, le journaliste Bernard Rapp arrive par moment à distiller une ambiance poisseuse mais c'est par moment justement. Le reste du temps, comme la réalisation, le film dans son ensemble reste trop sage, trop en surface, trop scolaire avec ses flash-back explicatifs qui perdent surtout le spectateur en début de film. Je ne peux m'empêcher de me demander quel aurait été le résultat si, derrière la caméra, il y aurait eu un Claude Chabrol à la place. Je reconnais tout de même que les acteurs sont bons en particulier Bernard Giraudeau trop tôt disparu. Ce qui est la moindre des choses puisque le film joue à fond la carte du face à face entre un riche industriel et son goûteur. Une relation professionnelle dérivant peu à peu vers une relation perverse, bouffant le quotidien des deux hommes. Assez frustrant, donc.
Un film magistralement orchéstré et pervers sur un homme triste et asociable qui s'obstine à détruire une personne en la faisant devenir comme lui. Le couple Giraudeau-Lorit se complète à merveille. Cette histoire ressemble beaucoup aux histoires des dictateurs stalinien ou d'autres qui était à la fois aimé et hais, ainsi que certainne personne dans des camps nazis qui avait se genre de relation attraction/répulsions avec leur bourreau.
Tout en finesse un film qui monte cresendo jusqu'au point de non retour. Soumission, fusion, sadisme sont les thêmes abordés par ce film si particulier et assez inclassable. Un jeu d'acteurs et de sentiments très juste et plein d'ambiguité. Bravo à Bernard Rapp.
Adapté du roman éponyme de Philippe Balland, "Une Affaire de Gout" est un film étonnant puisqu'il part d'une idée un peu bizarre avec un grand homme affaire qui engage un goutteur, un fait peut-être classique dans ce milieu là mais qui va donner lieu à une véritable machination perverse. La relation entre les deux hommes est semblable à une mauvaise relation amoureuse entre les coups tordus, l'addiction et la pression psychologique tout y est. En plus d'une histoire aussi troublante que fascinante le film peut se reposer sur Bernard Giraudeau qui dans le rôle du manipulateur est vraiment excellent.
Fascination, attirance, perversion, dépendance, fanatisme et délivrance. Le film surfe sur tous les tableaux de la relation entre deux êtres. Étrangeté évidemment car on ne saisira pas la nature de leur relation.... n'est pas sans rappeler le "servant"
Un thriller psychologique culinaire, voilà comment on pourrait définir cette affaire de goût, un film aussi pervers que raffiné. C’est un film sur l’emprise, le pouvoir, la perte d’identité pour des miettes de pouvoirs, la façon dont on peut se renier soi même pour la réussite. Joliment mis en image, il est aussi suffisamment rythmé pour que l’emprise s’étende à son rythme sans jamais que le film ne soit ennuyeux. Il bénéficie enfin d’un excellent Bernard Giraudeau qui donne corps à son personnage, le complexifie pour le rendre le plus crédible et déstabilisant possible. Ce fut pour moi une excellente surprise.
Ce thriller teinté de drame, vaut surtout, pour le rôle ambigu de Bernard Giraudeau. Engagé comme goûteur par un riche industriel, un jeune serveur, se lient d'amitié avec cet homme, qui lui apprend à vivre sa vie, ses goûts, ses vêtements et même son tempérament. Un scenario bien fourni, même si la réalisation manque de vigueur. Les seconds rôles passent inaperçu. Charles Berling sort un peu du lot. Un film en puzzle qui reconstitue et donne l'image finale, la raison.