Après le choc Essential Killing, l’un des meilleurs film de 2011, revoilà Jerzy Skolimowski. Et il est toujours en forme pour ses 78 ans ! 11 minutes est tellement inventif, moderne, surprenant, que c’est un vrai bonheur dans ce monde presque entièrement formaté de la production cinématographique mondiale. La mise en scène est grandiose, comme toujours chez le réalisateur. Aussi virtuose que précise et méticuleuse. Tout comme l’écriture. Rien n’est laissé au hasard. Le tout fait dans une belle urgence. Comme pour son précédent film, rien ne nous est vraiment expliquer. Les personnages, pas spécialement aimables et donc pas vraiment attachants, se croisent et se recroisent pendant ce laps de temps de onze minutes sans que l’on sache d’où ils viennent, quelle est leur histoire, où ils vont. Ils vont juste se trouver là tous ensembles réunis à un instant T. D’entrée on est intrigué. On ne sait pas vraiment ce qui se passe, cela flirte même avec le fantastique, mais on reste scotché devant un suspens qui va monter crescendo jusqu’à une scène finale incroyable, sans doute le dénouement le plus dingue qu’on est vu au cinéma depuis des années. Quelle scène d'anthologie ! Quand, en plus, c’est techniquement parfait (sublime photo, montage au couteau) et superbement interprété, on ne peut que se résoudre à l’évidence : Jerzy Skolimowski nous a encore pondu un chef d’oeuvre ! Même si, dans un genre très différent, cela peut laisser aussi perplexe que Essential Killing. Pour moi, 11 minutes est une pure merveille aussi crépusculaire qu’apocalyptique. A voir absolument (et vite, il n’est, malheureusement, déjà presque plus à l’affiche).