Le film se déroule en 1982, au milieu de de la guerre du Liban, avant l’intervention israélienne (donc avant Sabra et Chatila, avant la deuxième phase de la guerre). Mais il démarre dix ans plus tôt, en 1972, peu après le massacre d’israéliens aux Jeux olympiques de Munich par Septembre noir. Sacré lieu, sacrée époque. On avait donc l’occasion avec ce film, et avec le recul, de dévoiler un peu le Liban, de détricoter ce tissu géo-historico-politico-religieux et culturel si complexe. Mais c’était trop demander. On voit même dès le début un bon manichéisme bien anti-palestinien, quasi du cinéma de propagande. Il faut donc regarder ailleurs. L’atmosphère d’abord. On montre un attrait rétro indéniable, malgré les gravats, de ces cités comme Beyrouth : dehors, les sons lancinants de la musique traditionnelle orientale ; dedans, au fond des bars d’hôtel, devant les alcools, Bob Marley, "everybody" de Madonna. Ensuite, c’est une aventure, avec des méchants, avec des gentils. Enfin, c’est un thriller –et comme par hasard des méchants sont parmi les gentils. Place au mystère. Le héros du film dit d’ailleurs qu’il va à la "chasse au dahu", et comme un aspect traditionnel de la chasse au dahu est de rire à plusieurs aux dépens d'un seul, il craint d’être le niais du village. Il fait néanmoins remonter son expérience de négociateur bien avant qu’il ne le soit pour la CIA, puisqu’il était en effet l’enfant d’un couple qui se détestait... Personnage intéressant. Le rôle de l’acteur est donc déterminant, et c’est cet aspect qui sauve le film (comme Stallone en a sauvé). Il s’agit de Jon Hamm (qui aurait pu faire un bon James Bond). Il y a aussi Rosamund Pike, également excellente. En revanche, pour jouer un des diplomates américains, quelqu’un a eu l’idée saugrenue de poser une moumoute bien peignée sur Dean Norris (Under The Dome), qui n’a pas un poil sur le caillou, et là…