Patrick Neu développe depuis trente ans son travail en retrait du monde. Chaque œuvre réalisée détourne des techniques traditionnelles, engage de nouvelles expérimentations qu’il poursuit aussi longtemps que nécessaire. Il manie des matières peu familières du champ de l’art : ailes d’abeilles, suie sur verre, cristal, cire, sculpture en encre de Chine, ailes de papillon, mues de serpent, coquilles d’œufs, peinture sur cendre etc. « J’inverse les matériaux, les usages. Le cristal pour moi est à la fois coupant, lourd, fragile et transparent (…) Et son utilisation, par exemple pour un objet guerrier, me permet d’ouvrir le champ des interrogations… » indique Patrick Neu.
La sélection des œuvres qui sont présentées dans l’exposition suggère ce dialogue périlleux avec les matières et la mémoire du monde : une armure de samouraï en cristal et une camisole de force en ailes d’abeille réalisées pour l’exposition, une colonne de verre avec noir de fumée, un Christ mort sur papier carbonisé, des vitrines enfumées par la mémoire du Jardin des délices de Jérôme Bosch…
Le travail de Patrick Neu incarne un Musée imaginaire évanescent. Il dialogue avec les figures de Bosch, d’Holbein ou de Rubens, qu’il dessine dans le noir de fumée, guidé par les qualités propres de la matière.
Jean de Loisy, le président du Palais de Tokyo, a depuis de nombreuses années le don d'utiliser sa sensibilité artistique pour révéler des talents venant des quatre coins du monde. C'est donc tout naturellement qu'il a proposé à Patrick Neu d'exposer son œuvre dans l'un des lieux mythiques de l'art parisien.
Patrick Neu est rentré aux Arts Déco de Strasbourg à l'âge de 16 ans. Très vite repéré par l'artiste Sarkis, qu'il considère comme son maître et mentor, il est rapidement encensé par la critique et le public. Depuis, l'artiste n'a de cesse de peaufiner son univers, privilégiant le travail sur des matières fragiles et éphémères.
Patrick Neu a choisi de vivre loin de tout, dans le Nord des Vosges, qu'il connait depuis son enfance. Il n'est que très rarement présent dans les évènements mondains tels que les vernissages. Sans doute une volonté pour lui de se consacrer uniquement à son art, n'éprouvant pas le besoin d'être en société pour être inspiré.
Stephane Manchematin a ici plusieurs casquettes. En effet, il a co-monté, co-écrit et co-réalisé le documentaire avec Serge Steyer. Passionné du genre depuis une vingtaine d'années, il en a d'abord écrit pour la télévision, puis plus récemment pour la radio. En parallèle de ses réalisations, c'est également un professeur de cinéma à l'université de Lorraine.
Plutôt que de rechercher à traverser le temps, Patrick Neu se concentre sur l'éphémère. Pour exemple : la conception d'une pyramide de verres en cristal qu'il avait conçue, et qui devait s'effondrer lors de l'exposition, sans que personne ne puisse prévoir le moment où cela allait se produire. Un concept étonnant, quand on sait que la plupart des artistes souhaitent que leur oeuvre puisse durer.
Serge Steyer, en plus d'évoluer dans l'univers des documentaires depuis 1989, est aussi engagé dans diverses formes de l'écologie pratique.