Il y a des films qui vous prennent par le cœur sans crier gare. Des films qui vous font ressentir des sentiments forts, des émotions multiples, des bouleversements à la puissance cent. « Walk with me » est assurément de ceux-là. Mieux, ce long-métrage danois vous donne envie d’aimer, vous fait croire au pouvoir de l’amour. Et encore mieux, il le fait sans jamais forcer le trait, toujours avec pudeur et sans sentimentalisme exacerbé. Un film romantique sans aucun pathos, toujours dans la justesse et dans le vrai. Lisa Ohlin parvient à capter ce qu’est le sentiment amoureux, de sa naissance jusqu’à sa combustion en le filmant de la manière la plus simple possible ; mais la plus touchante aussi. L’histoire de Sofie et Tomas, elle pourrait être la nôtre si ce n’est le handicap du second qui aurait pu freiner leur idylle. La cinéaste manie très bien l’ellipse pour nous emmener rapidement dans le vif du sujet. Si elle s’attarde sur de sublimes scènes de ballet qui mettent en valeur sa mise en scène (plus discrète mais adaptée le reste du long-métrage), la scène de guerre est vite expédiée et c’est tant mieux.
En effet, « Walk with me » nous conte la rencontre à priori peu probable d’un jeune soldat qui a perdu ses jambes en Afghanistan et d’une ballerine qui rend visite à sa tante mourante dans un hôpital. Le monde de la guerre et celui de la danse, deux univers paraissant antinomiques et qui vont se télescoper grâce à la force des sentiments à travers une histoire d’amour comme on en voit peu. Toujours dans le vrai, toujours réaliste, toujours émouvante. L’émotion (et les larmes qui vont avec) viennent naturellement, sans musique pompeuse ou violons exacerbés qui auraient pu rendre ce drame pathétique à l’excès. La maladie et le handicap sont traités avec autant de respect et de pudeur que la romance. On pense un peu à « Patients » qui abordaient ces thèmes davantage sur le ton de la comédie et du film social. Ici, c’est deux personnes qui s’apprivoisent malgré leurs différences et vont commencer à s’aimer. Et on a envie que d’une chose, lorsque ces deux-là se rencontrent, c’est qu’ils se mettent ensemble, car nos cœurs vibrent avec eux.
La force du long-métrage tient également dans la stature et l'interprétation de ses deux comédiens principaux. Si Mikkel Boe Folsgaard est d’une justesse incroyable dans un rôle difficile et propice au ridicule ou à l’exagération, c’est Cecilie Lassen qui constitue une véritable révélation. En plus de sa beauté et de son charme, elle emporte le film vers des sommets de malice, de chaleur et d’espièglerie cachant une âme belle et forte. Elle irradie véritablement les presque deux heures de bobine du film. Il n’y a qu’à voir la façon dont la réalisatrice tourne sa scène de sexe et la manière dont s’en empare sa comédienne pour s’en convaincre. On apprécie également que le film prenne parfois des chemins inattendus et la manière magnifique et solaire dont il se termine, constituant l’un des plus beaux plans récemment vus dans le genre. Et, sans hésitation, « Walk with me » obtient la palme du plus beau mélodrame ou film d’amour de l’année. Peu distribué et sorti en catimini en plein été, il vaut la peine d’être découvert comme une douceur scandinave.