Nahid est libre. Libre jusqu'à refuser le mariage avec un homme riche, libre et dans le refus de toutes les compromissions, libre au point de perdre la garde son fils. Nahid est libre, comme cette mer épaisse et odorante, qui enfle le sable gris de l'Iran, et que la cinéaste porte à l'écran, presque comme un étendard, en tous les cas, un encouragement à vivre et à lutter pour l'indépendance. La cinéaste scrute la beauté sur le visage de Nahid. Souvent agaçante, souvent désarmante, le jeune-femme incarne un combat qui pourrait être celui de toutes les femmes qui peuplent le film, mais qui, elles, par peur, par conformité, acceptent de se taire et de se soumettre. "Nahid" est un film précieux, qui rappelle aux spectateurs, l'urgence de la liberté de la femme sur les continents du monde, à commencer le nôtre. Néanmoins, la réalisatrice choisit un style délibérément doux. Elle ne cède pas à la facilité démagogique, elle n'en rajoute pas de provocation. Elle montre des hommes et des femmes, qui contiennent leur part de mal mais aussi leur part de beauté. Elle ne juge pas non plus. Elle regarde la société iranienne avec des yeux contemplatifs, parfois sévères certes, mais à la recherche d'un esthétisme réflexif. Mais le ciel est souvent gris. D'ailleurs, la photographie frôle le noir et blanc à certains instants, comme si la lumière tardait encore à paraître dans ce monde qui hésite à se moderniser. Voilà donc un grand film intelligent, subtil, qui donne à espérer que les femmes, pour reprendre un extrait du scénario, ne se résigneront jamais à obéir complètement.