Ça commence par un plan de 10 minutes (qui m'ont paru le double) dans une rue de Bucarest : la circulation, les passants, des allers-retours, les bruits de la ville, des bribes de conversation, rien de bien passionnant à vrai dire. Question rythme, on comprend vite qu'on n'est pas chez Mad Max. Puis le générique sur fond noir défile suivi d'une conversation dans une voiture entre une femme énervée et son mari. Et là, ça devient franchement drôle, on se dit qu'on va passer un moment délicieux. Le sujet pourtant ne prête à rire : toute une famille se retrouve dans un appartement exigu pour célébrer les 40 jours de la mort du patriarche, comme le veut la tradition orthodoxe. Un festin est en préparation, les frères, les sœurs, la mère éplorée, la tante cocue attendent tous l'arrivée du pope et sa bénédiction pour commencer à manger. Ça discute, ça s'engueule, ça pleure, ça s'empoigne, ça crie, ça s'invective, ça fume, ça va et ça vient. Les portes s'ouvrent, se ferment, claquent, on frôle la claustrophobie et on se croirait un peu au théâtre. Vous dire que je n'ai pas frôlé parfois les rivages de l'ennui serait malhonnête. Mais les affrontements sont tellement bien écrits et joués, les joutes verbales tellement marrantes (le cousin parano complotiste, la tante communiste et Larry, personnage central et fédérateur, qui a beaucoup de mal à contrôler ses fous rires) que j'ai tout de même pris pas mal de plaisir à cette comédie humaine, à la fois joyeuse et pathétique.