La volonté première de Dominik Moll était de donner forme à une comédie singulière et décalée centrée sur un personnage obstinément raisonnable dans une société qui s’éloigne inexorablement de la raison (la nôtre). Le réalisateur avait également le désir d’évoquer le monde de l’entreprise avec son open space, ses hiérarchies et ses cruautés, dans lequel évolue laborieusement le personnage de Philippe.
Dix ans après Lemming, Dominik Moll retrouve le coscénariste Gilles Marchand, avec lequel il avait également écrit le thriller culte Harry, un ami qui vous veut du bien. C'est ensemble que les deux hommes ont imaginé Jérôme (campé par Vincent Macaigne) qui est un alter ego à Philippe et qui, comme ils le soulignent, se rapproche du personnage particulièrement dérangé que tenait Sergi López dans "Harry, un ami qui vous veut du bien" ! "Pendant la conception, nous nous amusions d’ailleurs avec ce parallèle : « Harry revient !! Il est très en colère et il s’appelle Jérôme ! » Mais la folie de Jérôme est moins menaçante que celle de Harry, elle a quelque chose de plus ludique", explique le cinéaste.
Dominik Moll a voulu que le film ait une esthétique très obscure pour donner au spectateur l'impression d'être entraîné dans une sorte de cauchemar joyeux : "Presque tout se passe de nuit, et dans les scènes de jour, comme celles du bureau, on voit rarement le ciel, et on n’y entend aucun son de l’extérieur, que les souffleries et les sons des ordinateurs, ce qui contribue à créer une ambiance assez irréelle. C’est comme si nous traversions un long tunnel avec Philippe. Ce n’est qu’à la toute fin, lors de la scène de la libération des grenouilles, que l’on aperçoit enfin le soleil pour la première fois", confie-t-il.
C'est en partie parce qu'il a aimé l’interprétation de François Damiens dans La Famille Wolberg d'Axelle Ropert que Dominik Moll l'a casté pour le rôle principal de Des nouvelles de la planète Mars. Il voulait quelqu'un qui puisse être drôle tout en passant une grande partie de son temps à encaisser le comportement des autres, pour provoquer l'empathie chez le spectateur.
Pour se glisser dans la peau de Jérôme, proche de la démence, Vincent Macaigne fut choisi pour son côté incontrôlable et excessif correspondant parfaitement au personnage. "Vincent a cette obsession de réinventer une scène à chaque prise, pour se surprendre et nous surprendre en permanence. Son rythme n’est pas du tout celui de François et, si cette différence servait leurs personnages respectifs, elle a aussi demandé beaucoup de travail afin de trouver le bon équilibre. Chacun à sa manière a une capacité d’émouvoir, et cela m’importait beaucoup", note Dominik Moll.
En ce qui concerne la musique, qui se devait d'être en adéquation avec le côté ludique du film, le compositeur Adrian Johnston la qualifie de « deadpan playfulness », que l'on pourrait traduire par « ludique pince-sans-rire ». Il a ainsi utilisé des instruments comme la trompette bouchée ou l’orgue Vox Continental qui possèdent tous les deux cet aspect ludique.