Le cinéma de Bertrand Blier, c’est l’art de mettre en scène d’une manière ciselée au millimètre des personnages symboles dans un monde qui n’est pas le réel, mais qui se fait la projection, comme une veste retournée, de leurs pensées, leurs souvenirs, etc… d’une réflexion autour d’un sujet, les personnages principaux ainsi vidés, éclatés, ne servant plus qu’à permettre la cohérence de l’ensemble et nous conter ce qui est raconter, pour guider le spectateur. Je dis ça, pour ces films les plus radicaux spécialement, et Les Acteurs est peut–être le plus radical. Il n’y a rien. Pas d’histoire. Pas de personnages. Seulement, un sujet : Les Acteurs ! Mais alors, ce que le cinéma permet de formidable, leurs images sont déroulées dans tout les sens. Sans continuité, l’immense casting qui participe à ce film joue son propre rôle à diverses profondeurs, tour à tour incarne l’idée de ce qu’ils sont (l’humain), l’idée de leurs images (la célébrité), l’idée de leur métier (l’acteur, et tout ce qu’il y a autour), … Bertrand Blier joue et se fait plus gosse que jamais ! Et amoureux des Acteurs ! Le du film, selon moi : justement, ces acteurs ! Sublimés par Bertrand Blier pour le simple plaisir du spectateur qui se voit offert un montage de dégustations, taillées sur mesure. C’est un film qui fait plaisir ! Et pour cette fois, j’abonde dans le sens : complètement absurde !
Sans doute ce qu’il y a de plus déroutant chez Bertrand Blier est qu’il ne fait pas vraiment des films. Les Acteurs, ce n'est pas un film. C'est une démonstration artistique sur le thème de l'Acteur, qui se sert du mode "cinéma", ce qu'il permet d'esthétique et de sensations, pour s'exprimer ! Ça donne une oeuvre brillante et cohérente de bout en bout, dans ce qui est dit, fait, filmé, autour de ce sujet, avec une trame pas facile suivre mais bien là et criante de vérité, et pour une fois, Bertrand Blier ne pouvait rater sa fin, qui ici, en plus d'être trop courte et très émouvante, s'inscrit tout à fait dans la cohérence de la démarche générale !