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    C'est quoi ce travail ?
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "C'est quoi ce travail ?" et de son tournage !

    Trouver son propre regard

    Après avoir traité le milieu ouvrier dans Les Réquisitions de Marseille et la condition des Cheminots en 2009, Luc Joulé et Sébastien Jousse déclarent engager à chaque film la subjectivité du regard du spectateur. Leur "écriture subjective" leur permet de trouver un regard propre, condition d’être selon eux du cinéma.

    Un enfer quotidien

    Dans le roman Les Villes InvisiblesItalo Calvino nous invite à vivre de deux manières "l’enfer que nous habitons tous les jours" : soit nous nous confondons avec lui, soit nous tentons d’y distinguer "ce qui n’est pas l’enfer" afin de "le faire durer". Cette idée illustre, selon Luc Joulé et Sebastien Jousse, la vision singulière que portent les deux documentaristes sur le monde du travail. Ils n’ont ainsi pas choisi de montrer les difficultés inhérentes aux bouleversements mondiaux mais plutôt de se pencher sur ce qui appartient au travailleur et non pas à l’entreprise, sur ce que notre rapport individuel au travail met en lumière quand il est observé collectivement.

    L'éclaircie après la tempête

    A la suite de Cheminots, qui relate la privatisation des chemins de fer et les conséquences que celle-ci entraine, Luc Joulé et Sébastien Jousse eurent envie d’offrir une vision moins pessimiste du monde du travail. Invités par le Ministère de la Culture à prendre part à un groupe d’études sur le thème de "la création artistique et le monde du travail", ils ont croisé à cette occasion Nicolas Frize qui les a invités à venir au sein de sa résidence d'étude dans l’usine PSA de Saint-Ouen.

    Une relation de confiance

    Les deux réalisateurs ont en premier lieu opéré un long travail afin de développer une relation de confiance avec les ouvriers qu’ils ont filmés au travail. Tourné chronologiquement à la préparation du concert, le filmage a duré 61 jours (27 dédiés à la création musicale pour 34 au travail de l'usine) alors que les deux réalisateurs "ont élu domicile" trois ans durant. "À force d’être vu sans caméra, il arrive même qu’on nous demande si nous allons vraiment tourner un film… C’est souvent le signe que toute éventuelle méfiance ou incompréhension s’est estompée", racontent-ils. Ils ont ainsi obtenu quelques 120 heures de rush pour 35 entretiens. Ce lien s’est prolongé jusqu’au montage final, chaque ouvrier ayant validé la partie le concernant lors d’un visionnage particulier.

    Se rencontrer sur le lieu de travail

    Chaque entretien s’est déroulé selon une organisation bien précise : la personne fut en premier lieu filmée au travail avant de transmettre, par l’audio seulement et le lendemain au maximum, son témoignage personnel. Si la personne en exprimait le souhait, l’entretien était filmé et offert à l’interviewé. Isolé au mieux du son assourdissant de l’usine, la rencontre opérait, avec l’accord de la direction, sur le temps de travail.

    Ouvrier & artiste, même combat?

    Sébastien Jousse explique la démarche qui rapproche l’artiste compositeur et le travailleur en usine. Selon lui, si l’opinion générale accepte aisément l’expression d’une sensibilité du compositeur vis-à-vis de son acte créatif, elle oublie la même possibilité avec l’ouvrier au travail standardisé. "Rapprocher la partition du compositeur et le « standard » de l’ouvrier (la norme de fabrication d’une pièce), c’est se demander quelle marge de créativité est possible dans une activité industrielle", décryptent les deux réalisateurs.

    Travail difficile pour direction compréhensive

    Bien que les difficultés inhérentes au monde du travail industriel apparaissent au fil des portraits, la direction - qui n’a pas participé financièrement au film - n’a pas empêché le bon déroulement du tournage. Le patron de l’usine, informé lors de rendez-vous réguliers avec Luc Joulé et Sébastien Jousse de leurs démarches, ne découvrit le film qu’une fois fini. Une situation contraire au tournage de Cheminots où les deux réalisateurs durent contourner une direction désireuse d’empêcher le tournage du documentaire.

    Rendre audible ce que l'on ne peut entendre

    La cadence infernale des machines, la grandeur de l’espace sonore réverbérant le moindre bruit… L’usine est un endroit tonnant qu’Arnaud De Villers, ingénieur du son, a traité de manière décomposée afin de rendre un minimum audible les échanges entre les ouvriers. En rendant encore plus clair les témoignages off, les deux réalisateurs donnent "à entendre cette lutte entre l’intériorité humaine et l’environnement sonore d’une usine qui semble vouloir faire taire tout le monde", comme ils le précisent eux-mêmes.

    Une usine musicale

    Le travail de composition opéré par Nicolas Frize est partie prenante du film. Ce compositeur a pris résidence de l’usine PSA Peugeot Citroën de Saint-Ouen durant deux ans, enregistrant tous les sons imaginables issus de cette fabrique comptant près de 600 salariés. De cette riche matière, l’artiste en a tiré trois concerts avec la complicité des ouvriers dont l'un a été dispensé au sein de l’usine. Ce dernier est un peu montré à la fin du film, découvert par le presque seul regard des spectateurs dans le but de préserver l'aspect éphémère de l'oeuvre fabriquée par le compositeur (qui refuse toute captation).

    Un travail, des travails?

    Dans le générique du film, le pluriel de travail n’est pas écrit "travaux" mais "travails". Cette faute d’orthographe apparente correspond à un choix délibéré de la part des deux réalisateurs. Trouvant "quelque chose d’incomplet à travaux", ils ont choisi de faire de cette orthographe la symbolique d’un rapprochement possible entre le travail artistique et le travail industriel, rendant plus apparent le questionnement au centre du film.

    L'usine opératique

    Sébastien Jousse compare l’ouverture du film, en pleine usine, à une ouverture d’opéra : "Vous rentrez dans un lieu où les choses s’entrechoquent, à la fois avec des basses très puissantes et des choses très aigues et agressives".

    Sélection du réel

    C’est quoi ce travail ? a été présenté en compétition française au festival Cinéma du réel édition 2015.

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