Claude Barras, cinéaste suisse, cinéaste valaisan, associé à Céline Sciamma, au scénario, se propulse dans la cour des grands, des tous grands, avec son Ma vie de Courgette. Film d’animation de teneur artisanale, film d’animation aux antipodes des grosses productions, américaines comme françaises, d’une durée excédant à peine la petite heure mais d’une sensibilité tout à fait étonnante, l’essai est concluant, salué à la fois par une critique sous le charme de l’humanisme de cette petite histoire d’orphelin, et par un public conquis.
Visuellement impeccable, quoiqu’un brin léger, narrativement brillant, Ma vie de Courgette se démarque aisément d’un tout-venant qui n’ose jamais affronter frontalement, comme le fait ici Barras, d’autant plus sur ce support-là, les dures réalités de certaines vies brisées dès l’enfance. La tristesse, le remord, la mélancolie, semble nous dire l’homme derrière ce film, peuvent en tous temps et en toutes circonstances, être combattus. La vie suit son cours, parfois chaotique, accablant, blessant, mais toujours, à un moment donné, réjouissant, touchant, amusant. D’une petite bande d’enfants déshérités, écrasé par la vie, Claude Barras nous démontre que l’amitié, le temps et l’affection peut tout guérir. Pour autant, il s’agit ici de ne pas oublier le facteur chance, du moins pour certains.
Juste, sensible, le film se veut une expérience un tantinet anonyme. Oui, quand bien même le message soit noble, les intentions louables, la technique remarquable, Ma vie de Courgette n’en reste pas moins qu’une sorte d’essai, qu’une dissertation somme toute concise sur les hauts et les bas d’une existence, d’une existence d’enfant. SI tout est bon, beau ou encore touchant, il manque à ce film une réelle âme d’œuvre de cinéma. Il ne s’agit là que d’un point de vue, soit, mais il m’est assez rapidement apparu, au visionnage, que les ambitions du metteur en scène était avant tout intimistes, moralement très personnelles. Quoiqu’il en soit, il s’agit ici d’un film qu’il faut découvrir, qu’il faut dompter. Attention toutefois au cafard, au coup de blues qui guette. Oui, Ma vie de Courgette n’est pas un grand moment d’exaltation, de bonheur. 14/20