« Ma vie de courgette ». Voilà un titre qu’on n’est pas prêt d’oublier. Innovant, drôle et émouvant, le film de Claude Barras sait nous toucher en plein cœur.
Adapté du roman « Autobiographie d’une courgette » de Gilles Paris, le court long-métrage offre 66 minutes de pur plaisir aux petits comme aux plus grands ! Réalisé en stop motion (une succession de scènes où l’on filme des objets déplacés petit à petit leur donnant une impression de mouvement), le tournage a demandé un énorme temps de travail à l’équipe artistique et le résultat est vraiment épatant ! A l’heure où les studios d’animation privilégient les images de synthèse, il est bon de voir que ce type de savoir-faire ne se perd pas et au contraire, continue de nous livrer des petits bijoux dans la lignée de « Panique au village ». L’univers de « Courgette » est coloré (seul la scène du drame présentera un ciel gris) et met en exergue une histoire touchante excessivement bien écrite.
L’histoire, justement, raconte l’arrivée de Courgette à l’orphelinat « Les fontaines ». Là, il fait la rencontre de cinq autres enfants, eux aussi blessés par la vie et l’horreur du monde des adultes. Il y a Simon, une brute sensible ; Jujube le gourmand bien portant ; Béatrice, qui attend chaque jour le retour de sa maman ; Alice, jeune fille introvertie et Ahmed le petit farceur toujours de bonne humeur. Malgré leurs fêlures, ces jeunes enfants se reconstruisent jour après jour et forment une fine équipe. Mais c’était sans compter sur l’arrivée de Camille, qui viendra bouleverser leur petite vie bohème.
Claude Barras, le réalisateur du film, dit de « Ma vie de courgette » que « ce film est aussi et avant tout un hommage à tous les enfants maltraités, qui survivent tant bien que mal à leurs blessures. Avoir une bande de copains sur qui compter, tomber amoureux, et pourquoi pas, même, être heureux, mais il restera encore bien des choses à apprendre de la vie. C’est ce message, à la fois simple et profond, qu’il m’a semblé essentiel de transmettre à nos enfants ».
Celui qui nous est un habitué des courts métrages (« Chambre 69 », « Au pays des têtes », « Le génie de la boîte de raviolis ») nous livre ici un film remplit de belles valeurs comme celle du courage, de l’empathie, de l’amitié et de la tolérance.
Aidés dans leur reconstruction par la bienveillance des personnes du centre et de Raymond, l’ami policier de Courgette (doublé par le comédien Michel Vuillermoz), ces enfants s’accordent une deuxième chance de repartir sur le sentier de la vie sans jugement de leur passé (si ce n’est les quelques moqueries et paroles maladroites venues de la part de Simon), avec toute la naïveté infantile qu’ils sont en droit de posséder. Touchants, ces personnages le sont davantage grâce au doublage subtil des comédiens en herbe qui prêtent leur voix: Gaspard Schlatter, Sixtine Murat, Paulin Jaccoud, Raul Ribera…, aucun d’entre eux n’avaient jamais fait ce type de travail mais la justesse de leur interprétation donne une touche d’humanité supplémentaire aux fragiles petites marionnettes.
Même la musique de Sophie Hunger, pudique et très à propos, vient apporter son lot de tendresse dans cette histoire qui nous emporte en l’espace de quelques minutes. Sa reprise de Noir Désir « Le vent nous portera » est à l’image du long-métrage : aérien !
« Ma vie de courgette », en compétition pour cette 31ème édition du FIFF, trouve tout à fait sa place dans la « séance famille ». Sur nos écrans en octobre prochain, le film vaut véritablement la peine d’être vu avec vos petites têtes blondes ou vos élèves ! Réussi et touchant, il véhicule un message d’amour tendre et présente le monde de l’enfance avec une justesse incroyable. Son univers artistique et son sujet ouvriront les portes d’un autre cinéma à bien des publics et raviront toutes les générations de spectateurs !