Après un très chouette court-métrage ("Loom") et avoir dirigé les secondes équipes sur les tournages d'"Exodus" et "Seul sur Mars", le fiston de Ridley Scott s'est dit qu'il était temps pour lui de s'émanciper de l'ombre paternelle en réalisant son premier film tout seul comme un grand.
Pour cela, il a eu la bonne idée de piquer le carnet d'adresses de papounet, ce qui lui a permis de réunir un casting assez hallucinant : Kate Mara, Toby Jones, Michelle Yeoh, Jennifer Jason Leigh, Paul Giamatti et la petite Anya Taylor-Joy repérée dans "The Witch"... Excusez du peu, il y a sans doute bon nombre de jeunes réalisateurs qui se damneraient pour avoir du si beau monde dans leur première oeuvre.
Tous ces grands noms se retrouvent donc dans ce "Morgane", une histoire d'être humain créé artificiellement par des idiots de savants contents de jouer à Dieu et qui, bien évidemment, va vite mal tourner quand la petite Morgane (c'est son nom) décide que ses créateurs se porteraient bien mieux avec leur sang en dehors de leurs corps.
Ben oui, ce rat de laboratoire à l'apparence humaine n'a connu que la captivité et les expérimentations en confinement alors, forcément, lorsqu'elle atteint l'équivalent de l'adolescence, elle a une irrépressible envie d'aller voir ce qui se passe dans notre monde et gare à celui qui osera lui barrer la route. Suite à un premier incident, un agent en gestion de risques (Kate Mara) est envoyé pour évaluer la viabilité du projet...
Dans un premier temps, le pitch de "Morgane" fait inévitablement penser à l'excellent "Ex Machina" (et à bien d'autres avant lui mais c'est le plus réussi récemment) avec le développement émotionnel de cet être hybride issu de la technologie humaine.
Cela a beau avoir été maintes fois traité, cette thématique récurrente de SF fascine toujours autant et Luke Scott en tire parfaitement parti pendant les premiers instants jusqu'à une scène de confrontation saisissante entre Anya Taylor-Joy (recouverte de la tête aux pieds de fond de teint argenté pour souligner sa différence -sérieusement, les gars, on est en 2016 tout de même !!) et l'excellent Paul Giamatti où Morgane laisse entrevoir ses failles et, par-là même, sa véritable nature.
Le problème, c'est que cette séquence restera comme la meilleure du film.
Alors que la bande-annonce nous vendait une approche originale de ce thème via le prisme de l'épouvante, "Morgane" ne va se révéler être au final qu'un thriller de SF d'une mollesse confondante à cause d'un énième récit ne reposant que sur un twist final pas très inspiré.
À moins d'avoir la perspicacité d'un mulet attardé, on comprend où "Morgane" veut nous emmener dès les premières minutes du film (mais vraiment !) en grande partie par la faute de l'interprétation pas très subtile d'un(e) des protagonistes (on l'a connu en plus grande forme). Dès lors, on a beau prier pour que le film ne prenne pas cette direction aussi prévisible (et stupide), rien n'y fait, les indices en ce sens se multiplient et la révélation finale nous laisse complètement affligée avec cette impression de terrible gâchis et de perte de temps totale.
Aussi artificiel que sa "créature" éponyme, ce premier film de Luke Scott est un coup d'essai manqué que ses prémices intriguants et son casting impressionnant ne parviennent à sauver de sa vacuité.
La prochaine fois, demande des conseils à Papa Ridley avant de faire n'importe quoi, Luke, s'il te plait ! Ça nous évitera à toi comme à nous de gaspiller notre temps. Merci d'avance.