La Promesse de l’Aube est un livre que le producteur Eric Jehelmann voulait adapter au cinéma depuis longtemps. Il en a alors parlé à Eric Barbier dès qu’il a su que les droits se libéraient. Le metteur en scène ne connaissait pas l’ensemble de l’oeuvre de Romain Gary, mais avais lu ses livres les plus importants dont celui-ci. Il explique :
"A mes yeux Gary était surtout un personnage romanesque, énigmatique, le mari de Jean Seberg et l’orchestrateur de cette formidable mystification littéraire qu’a été l’affaire Émile Ajar. Gary est double, triple, multiple. Ambassadeur, cinéaste, romancier se dissimulant souvent sous divers pseudonymes, il est Polonais, Russe, Français, un Juif dont la mère se précipite chez le pope au moindre souci et qui se décrit régulièrement comme oriental, quand ce n’est pas tatar…"
La Promesse de l’Aube est un roman d’aventure initiatique qui retrace 20 ans de la vie de Romain Gary et de sa mère. Par rapport au travail d'adaptation, Eric Barbier et Marie Eynard ont été confrontés à une multiplicité de scènes qui "donnent le vertige", selon les propres mots du premier. Ils ont ainsi dû trouver une forme scénaristique pour conserver l’essence du roman tout en le réduisant de ses deux tiers. Le réalisateur se rappelle :
"J’avais découpé le roman en toutes petites unités d’actions : à la fin du livre, j’avais recensé 876 unités… J’étais évidemment obligé de raccourcir. Ou plutôt de concentrer. Je me suis sans cesse demandé quand la trahison était acceptable et quand elle ne l’était plus. Je voulais être absolument fidèle à l’esprit du roman."
Le western Little Big Man d’Arthur Penn, adapté du livre de Thomas Berger, est le film auquel Eric Barbier a le plus pensé au moment de la conception de La Promesse de l'aube. Pour lui, les deux films ont en commun le foisonnement des situations, drôles et étonnantes, qui transportent le héros d’un lieu à l’autre, le trimballant de rencontre en rencontre, de déroute en succès, d’illusion en déception, au travers de l'Histoire.
Pour jouer Romain Gary, Eric Barbier savait dès lors qu'il a commencé à travailler sur le projet qu'il allait devoir solliciter trois interprètes différents : un enfant, un adolescent et un adulte. L'enfant devait être parfaitement bilingue en français et en polonais. Pendant la période de casting, le cinéaste en a vu à peu près 580 en Pologne, en Belgique et en France jusqu'à ce qu'il tombe sur Pawel Puchalski. Pour Romain adolescent en revanche, il connaissait déjà Nemo Schiffman qu'il avait vu dans Elle s'en va avec Catherine Deneuve. "Il y jouait un personnage de 10 ans et il était extraordinaire. Je me suis dit qu’il devait maintenant avoir 14 ou 15 ans et je l’ai appelé. On a fait des petits essais, et très vite j’ai su que c’était lui", précise Barbier.
Pour Eric Barbier, plusieurs scènes ont été très difficiles à tourner, parmi lesquelles celles dans le désert au Maroc, dans un village très difficile d’accès, mais aussi celles des combats d’avion, celles comportant beaucoup de figurants, des trains, de la neige, etc. Mais l'épisode le plus délicat pour le cinéaste et son équipe a été celui où Romain, caché sous la machine à coudre de sa mère, assiste à la fouille de l’appartement par les policiers. "Pawel Puchalski, qui joue Romain enfant, pleure devant la violence des gendarmes. Ce fut très éprouvant d’obtenir l’émotion juste de cette scène : montrer la souffrance d’un enfant qui voit sa mère humiliée", se souvient-il.
La Promesse de l'aube a été tourné dans cinq pays pendant 14 semaines, de la Pologne des années 1920 au Mexique des années 1950 en passant par le désert africain, Nice et Paris avant-guerre ou encore Londres sous les bombes.
Eric Barbier et son équipe ont eu recours aux effets spéciaux pour reconstituer les dizaines de bombardiers qui se déplaçaient en « boîtes » de six avions pour aller pilonner la côte allemande. Le réalisateur développe : "On est en 43-44 et l’aviation basée en Angleterre doit faire table rase des défenses allemande pour préparer le débarquement. Nous avons travaillé sous la direction de David Danesi avec une équipe d’effets spéciaux de digital district qui s’est impliqué dans le film dès la préparation. Nous avons travaillé ensemble bien en amont du tournage sur des prévisualisations en 3D de toutes les scènes de guerre qui étaient ensuite remontées par Jennifer Augé la monteuse du film. Le travail visuel sur les effets spéciaux de ces scènes a duré sept mois et le rendu des sols bombardés, des avions, des ciels est vraiment très réaliste."
Le film d'Eric Barbier est la deuxième adaptation cinématographique du roman autobiographique "La Promesse de l'aube" de Romain Gary, la première étant celle du metteur en scène Jules Dassin de 1970, avec l'acteur israélien Assi Dayan dans la peau de l'écrivain.
Si La Promesse de l’Aube parle encore aujourd’hui au lecteur ou au spectateur de 2017, c'est parce qu'il y règne, selon Eric Barbier, une joie tragique étrange. Le metteur en scène raconte : "« C’est fini » et « J’ai vécu » sont les deux phrases qui commencent et terminent un livre mélancolique, endeuillé, mais où il n’y aucune trace d’amertume, de cynisme, ou de défaitisme. On y trouve plutôt un éloge de l’espérance et de la volonté, de la tolérance, de l’héroïsme aussi. Gary n’est jamais moralisateur ou plaintif. Il distille avec un humour ravageur une vision de l’existence qui exalte ce qu’il peut y avoir de meilleur en nous, qui valorise le désir de rendre réel nos rêves et les fictions que l’on porte."
Pierre Niney a fait des suggestions décisives dès la lecture du scénario sur l’orientation générale du récit. Ainsi, le comédien confie : "« Avec l’amour maternel, la vie vous fait, à l’aube, une promesse qu’elle ne tient jamais… » Cette citation contient toute l’histoire. J’ai en effet demandé très tôt à Eric s’il pouvait envisager de mettre cette voix off à la toute fin du film."
Pour appréhender son personnage, Charlotte Gainsbourg a regardé les photos de Nina, scruté les traces qui restaient d’elle comme par exemple sur la ville de sa jeunesse ou encore les différentes époques de sa vie. Mais comme elles sont peu nombreuses, la comédienne s'est surtout appropriée le personnage de la mère de Gary en pensant à sa propre grand-mère. Elle explique :
"Très vite, j’ai fait un amalgame entre Nina, ce que je percevais d’elle et la mère de mon père. Par exemple son accent polonais que j’imaginais, je l’entendais comme un accent russe que j’avais bien connu… Ces deux femmes, d’à peu près la même génération, venaient du même monde, avaient la même culture. Elles se ressemblaient à mes yeux. Ma grand-mère était moins encombrante que Nina mais c’était quand même un personnage très fort. Il y avait quelque chose d’identique dans son rapport à mon père, c’est évident. Gary est LE fils, l’unique. Pour ma grand-mère, ce n’était pas le cas mais c’était presque pire : elle n’a eu que des filles, qu’elle considérait mal et son fils chéri."
En 2014, Charlotte Gainsbourg et Didier Bourdon avaient joué dans la comédie Jacky au royaume des filles. Il se retrouvent donc trois ans plus tard pour La Promesse de l'aube.