Je compte sur vous est inspiré de la vie de Gilbert Chikli, inventeur supposé de l’arnaque au "faux président". Entre 2005 et 2006, celui-ci s’est fait passer pour le président de grandes entreprises auprès de quelques salariés qui, sur sa demande, lui rapportaient plusieurs centaines de milliers d’euros en petites coupures. Il prétextait pour les convaincre défendre la guerre contre le financement terroriste et réussit par cette technique à empocher jusqu’à 7,5 millions d’euros auprès de plus de trente entreprises. Il est réfugié depuis 2009 en Israël où il vit comme notable, en dépit d’un mandat international et d’une condamnation française à sept ans de prison (le pays n'ayant pas d'accord d'extradition avec la France).
Malgré les proximités du personnage de Gilbert Perez avec son pendant réel Gilbert Chikli, Pascal Elbé a affirmé ne pas faire de Je compte sur vous un biopic sur l’escroqueur médiatique. L’acteur-réalisateur a eu vent du personnage en lisant une de ses escroqueries dans le journal, bien avant que le producteur Isaac Shary ne lui soumette le projet. Une rencontre eut lieu avec Chikli, durant laquelle Elbé l'entrevit comme "plein de charme, assez brillant, avec un charisme fou". Après avoir travaillé une première ébauche en forme de portrait d'un sociopathe dénué d'émotions, il choisit de romancer l'histoire et de décrypter l'adrénaline provoquée par un arnaqueur à l'existence banale.
Isaac Shary n'est pas que le producteur du film, il est aussi à l'origine du projet. Dès l'époque où les arnaques conçues par Gilbert Chikli devinrent publiques, il se renseigna sur le sujet activement, jusqu'à aller rencontrer l'auteur des méfaits lors de son passage en prison. Une fois qu'il fut libéré, Shary le rencontra de nouveau et enregistra dix cassettes où Chikli lui confiait toutes ses méthodes. Il alla aussi à la rencontre des policiers qui ont couvert l'affaire. C'est cette matière première qu'il suggéra à Pascal Elbé, le convaincant de la transformer en un long-métrage scénarisé et réalisé par ses soins. Les deux hommes avaient auparavant joué ensemble dans Les Mauvais Joueurs de Frédéric Balekdjian.
Qu'on ne s'y trompe pas : selon Pascal Elbé, la présence d'un carton "inspiré de faits réels" est là pour que le spectateur puisse croire plus rapidement à son histoire. L'enfance du personnage est pure invention du réalisateur, qui imagine son addiction au jeu et lui donne "des circonstances atténuantes", explique-t-il.
Inspiré par le cinéma italien d'après-guerre, où au coeur du drame se niche une part d'humour, Pascal Elbé n'a pas souhaité alourdir son film en le rendant trop dramatique. Néanmoins, il a souhaité intégrer des images réelles d'attentats, évènements dont se sert le personnage pour duper ses victimes.
Au départ, Pascal Elbé devait incarner lui-même le rôle de Gilbert Perez. Devant le temps réduit de préparation et de tournage, l'acteur proposa à Vincent Elbaz le rôle, qu'il avait déjà eu envie de jouer lorsque le projet n'en était qu'à une phase balbutiante. Les deux se mirent d'accord après seulement une lecture commune. Julie Gayet et Zabou Breitman furent choisies pour leur caractère et leur personnalité respectives, ayant déjà tourné avec Elbé, respectivement sur le téléfilm Rainbow Warrior et 24 jours, la vérité sur l'affaire Ilan Halimi. Enfin, c'est le fils du réalisateur qui conseilla Ludovik à son père, découvert au travers du groupe de YouTubers Studio Bagel.
Vincent Elbaz se documenta au maximum sur le personnage de Gilbert Chikli duquel l'histoire est tirée, mélange de sa documentation personnelle et de celle des scénaristes. Il rencontra même l'arnaqueur et lui emprunta quelques comportements. Cependant, le scénario comporte une grande part d'invention et l'acteur travailla au jour le jour, conduit par son impulsion et les directives du réalisateur. "J’aime ne pas être dans le contrôle, ne pas cérébraliser, être dans l’impulsion du moment", raconte-t-il
Gilbert Chikli arnaqua de nombreuses personnes par téléphone, se faisant ainsi plus facilement passer pour un agent du gouvernement ou un chef d'entreprise. Cette idée fut reprise par Pascal Elbé mais posa quelques problèmes à son acteur, Vincent Elbaz. En effet, suite à une incompatibilité entre l'acteur qui joue l'arnaqueur et l'actrice qui incarne la victime, les deux comédiens durent préenregistrer leurs scènes. Le mélange des deux ne se montra pas convaincant, poussant l'équipe à procéder à des ré-enregistrements en studio.
Pascal Elbé a travaillé la musique du film, composée par Pascal Lengagne, afin qu'elle soit en accord avec le ton du récit. La première partie, où Gilbert Perez conçoit des arnaques presque improvisées, fait sonner une musique jouée "comme si on faisait un boeuf devant nous", explique-t-il. Lorsque les conséquences des actes de Perez le rattrapent, la bande originale rejoint les rails du polar et de son style tendu.