Je suis plutôt bon public, et je peux sans honte dire que je ne suis pas vraiment un excellent critique. Je suis plus dans l'idée d'écrire tout le bien que je pense des films que j'aime et Comment c'est Loin fait parti de cette Jet-Set des films qui désamorce les principaux écueils d'un premier film. Partant d'une comédie douce-amère musicale, OrelSan et Christophe Offenstein abordent énormément de sujets vraiment intéressant et dramatique, citons :
- La spirale du mensonge (Se mentir encore et encore, se dire qu'on est capable mais qu'on ne fait juste pas d'effort, s'enfermer dedans et finir par progressivement en faire devenir une pseudo vérité)
- L'ennui (Et c'est même le thème principal du film, qui désamorce donc le premier risque de longueur du film, vu que justement, filmer des mecs qui s’ennuie, ça risque de rendre le tout long, et en plus, c'est même pas (trop) le cas !)
- Le futur (Et demain, je ferais quoi ? Est-ce que j'y arriverai ? Et si j'échoue ? Que dirons mes parents ? Est-ce que je serais frustrés toute ma vie ? Et pourquoi ma copine est avec moi ?)
- Le décalage avec la famille (Ce que je suis face à ce que mes parents auraient aimés que je sois, mes échecs sonnent comme leur échec)
- La solidarité
- Le besoin de toucher le fond pour rebondir et remonter à la surface, ou l'approcher en tout cas (dans une scène mythique sur un pont où y'a, je cite Orel, des chauves-souris
Pour une première réalisation, c'est un travail en duo qui évite beaucoup d'erreur tout en facilitant aux Casseurs Flowters de mettre en image leur histoire, leur spleen. Et comme leur précédant album, un peu conceptuel qui retraçait une journée (finalement, très semblable à celle du film, à pas mal de changement près quand même), le film s'amuse à instiller une BO qui est, franchement, un étalon de qualité à mes yeux. "Inachevé" est un cri, une fulgurance lumineuse dans le noir, l'envie de finalement vouloir se battre, "J'essaye, j'essaye" est l'histoire de l'ennui qu'on trompe par l'ennui, en se répétant qu'on fait du mieux que l'ont peut, tout en se bousillant pour essayer de ressentir sa vie tout en sachant pertinemment qu'on se ment en se répétant cette rengaine et "Le Mal est Fait" est le testament terriblement noir des conséquences de nos mensonges qu'on utilise en continu sur soi et surtout, sur celle avec qui on partage notre vie. Enfin, "Si Facile" est terriblement pessimiste tout en exprimant la crainte viscérale qui habite ces personnages qui se démène pour trouver une façon de sortir de l'ennui qui les structure au quotidien.
Un petit mot sur le jeu d'acteur, tout le monde joue bien, personne ne semble incohérent et on sent que les acteurs s'éclataient ensemble, vu que bon nombre se connaissaient, s'il ne jouaient tout simplement pas leur rôle. Mention spéciale à Gringe qui est vraiment un excellent acteur et à Claude (et qui joue son propre rôle également), à hurler de rire dans la scène du bar !
Bref, je suis fan d'OrelSan, je sais que je ne suis pas objectif, mais je te dis merci, Orel et à toi aussi Gringe, car en voyant ce film, je me suis rendu compte que ma vie n'est pas aussi calamiteuse que je le craignais, car je n'ai pas atteint le niveau que vous avez dessiné dans ce film ! Et pour moi, la comédie devient un feel-good movie. Chapeau bas !