Joel Edgerton, scénariste et comédien, passe derrière la caméra pour la première fois et nous propose un thriller psychologique finement réalisé. Vu dans de nombreux rôles tels que celui de Ramses dans « Exodus », Owen Lars dans « Star Wars », épisodes II et III et à l’affiche d’« Animal Kingdom », de « Warrior » ou encore de« Gatsby le magnifique », Edgerton ajoute une corde à son arc, sans pour autant toucher la cible en plein cœur. Si l’idée générale du film est intéressante et le long-métrage bien présenté, sa longueur voire sa lenteur nous a quelques fois faits décrocher. Par contre, au-delà du divertissement qu’il nous offre, il nous interpelle et nous questionne sur le rôle de victime ou d’oppresseur, sur les relations machiavéliques aux reproches insidieux, à la capacité de faire table rase du passé, de l’ampleur que peut prendre une vengeance, de la peur qu’une situation banale peut engendrer…
Mais parlons du casting qui, à l’inverse de la dynamique du film est véritablement impeccable :
Jason Bateman (« Comment tuer son boss ») incarne un Simon sûr de lui, heureux en affaires comme en amour, un bosseur au job valorisant et en quête d’une super promotion qui se profile à l’horizon. Mais derrière les apparences de gendre parfait, se cache un opportuniste capable de tout pour obtenir ce qu’il veut. Tantôt affectueux et inquiet, tantôt odieux, le comédien jongle avec ses sentiments avec beaucoup d’aisance. On a d’ailleurs adoré le détester et on découvre une autre facette de son jeu d’acteur et de sa personnalité.
Pour interpréter la femme de Simon, Edgerton a fait confiance à Rebecca Hall et il a eu raison. Les cheveux courts, l’actrice vue dans « Transcendance », « Une promesse » ou encore dans « La maison des ombres » évolue dans son rôle avec beaucoup de sincérité et d’intensité. Peinée à l’idée de devoir rejeter cet ami un peu trop omniprésent, elle percera le mystère qui entoure son mari et son copain d’avant. Accablée par des problèmes personnels importants, elle devra garder la tête froide et ne pas retomber dans les déviances du passé.
Enfin, parlons du rôle de Gordo. Non content d’être le scénariste et le réalisateur du film, Joel Edgerton revêt le costume du pote oppressant, généreux mais on ne peut plus étrange. Si on connaît peu de choses de sa vie et de son passé, on sait par contre qu’il n’est pas totalement doté de bonnes intentions. Pour quelles raisons entre-t-il dans la vie de ce couple fraîchement arrivé ? Pourquoi veut-il déterrer le passé ? Jusqu’où peut-il aller ? Toutes ces questions sont au centre de l’intrigue que l’acteur a imaginée et cela fonctionne ! Son personnage, inquiétant et ambivalent est présenté de telle sorte qu’on ne sait jamais vraiment à quoi s’attendre. Si on se doute des desseins qui l’animent, on ne sait par contre pas ce qu’il est capable de provoquer. Et çà marche !
« The gift » qui a reçu un bon accueil cet été aux USA a également engrangé une belle recette commerciale. Plus discret chez nous, le film est cependant bien programmé dans nos salles ciné. Faut-il pour autant le voir dans nos complexes préférés ? Sans doute. Le scénario est intéressant, bien que (trop ?) convenu et l’ambiance prenante. Les longueurs et le rythme un peu lent font de ce premier long-métrage un cadeau empoisonné : on aime le déballer mais on reste malgré tout sur un peu sur notre faim…