Tout de suite maintenant se situe dans le monde de la finance. Une volonté de Pascal Bonitzer qui essaye dans chacun de ses films de saisir l’esprit d'une époque. Le metteur en scène confie : "Pour moi, l’esprit de notre temps, c’est ce que la finance appelle le principe TDSM (Tout De Suite Maintenant) d’où le titre – qui correspond à cette mainmise relativement récente de la finance sur le capitalisme d’entreprise. La finance n’attend pas, il lui faut des résultats et du gain tout de suite. Cette mentalité se retrouve un peu dans tous les domaines : être célèbre tout de suite, riche tout de suite, trouver la femme ou l’homme de sa vie, ou le plan cul tout de suite… Le temps long est dévalorisé, internet est la mesure du temps actuel : en un clic, vous pouvez tout avoir, enfin, c’est ce qu’on vous fait croire."
Agnès de Sacy, coscénariste du film, a un cousin qui dirige une boîte de fusion/acquisition et une grande partie de l’intrigue professionnelle du film vient des informations qu’il a accepté de donner à l'équipe. Pascal Bonitzer explique que cette personne a été beaucoup sollicitée à la fois pour le récit du film et le jargon professionnel que l'on peut y entendre.
C'est la première fois que Pascal Bonitzer centre un film sur un personnage aussi jeune (Nora campée par Agathe Bonitzer). "Mes héros habituels sont des hommes d’âge mûr et désenchantés. Nora est une jeune fille pleine d’ambition qui a la vie devant elle. Mais ce qui s’est passé avant elle la rattrape au tournant", note-t-il.
Le seul comédien que Pascal Bonitzer avait en tête avant l'écriture du film était Jean-Pierre Bacri avec qui il avait travaillé dans son précédent long métrage Cherchez Hortense. L'acteur campait le fils de Claude Rich et était écrasé par ce terrible père. Le réalisateur confie que son envie de se lancer dans Tout de suite maintenant provient de sa volonté de retrouver Bacri dans le rôle inversé de son précédent, puisque ici c'est lui qui joue le père épouvantable et écrasant de l’héroïne.
A noter aussi que Pascal Bonitzer avait déjà fait tourner Lambert Wilson dans Le Grand alibi et Agathe Bonitzer avait déjà donné la réplique à Isabelle Huppert dans La Religieuse. La jeune comédienne a par ailleurs tourné dans plusieurs films de son père : Cherchez Hortense, Petites coupures et Le Grand alibi.
Pascal Bonitzer a d'abord pensé à sa fille Agathe Bonitzer pour le rôle de Maya, la soeur. Il explique que ce personnage, dans un premier traitement du scénario, n’était pas la soeur mais une jeune fille folle amoureuse de Xavier (Vincent Lacoste) et un peu perturbée. Le metteur en scène se souvient : "Mon producteur m’a dit que Nora était un rôle pour Agathe, qu’inconsciemment, c’est elle que j’avais en tête. J’ai réfléchi un peu et je me suis dit : après tout, pourquoi pas ? Agathe est une bonne comédienne, elle a de la ressource…"
Le PDG est incarné par Yannick Renier. A l'origine, dans la première version, ce personnage a été pensé comme quelqu'un de gros et vulgaire mais Pascal Bonitzer s'est rendu compte que ça ne fonctionnait pas et qu'il fallait prendre le contre-pied. Le cinéaste a alors pensé au patron de Virgin, Richard Branson, beau gosse, barbu, séduisant, dynamique et Agathe Bonitzer a alors suggéré Yannick Renier.
La mélodie du film a été composée par Bertrand Burgalat qui a proposé à Pascal Bonitzer d'écrire lui-même les paroles. Le cinéaste explique : "J’ai commencé à écrire plusieurs chansons et certaines lui ont plu. La chanson Je ne reviendrai pas, je l’ai écrite comme un sonnet classique, en alexandrins. Quant à Gare du Nord, qui accompagne le générique de fin, elle n’était pas prévue mais Julia Faure a insisté pour que je l’écrive, après le tournage. Dans cette chanson, il y a une allusion à Orphée et Eurydice. Comme si les rapports de Serge et Solveig étaient un peu similaires : lui le poète la retrouve une dernière fois et la perd définitivement…"
Pour incarner Nora, Agathe Bonitzer a beaucoup pensé à des héroïnes de cinéma qu'elle aime : Ingrid Bergman dans Les Enchaînés (qui cache sa fragilité derrière une sorte d’humour et de cynisme) ou encore Katharine Hepburn dans Indiscrétions. "Tout le monde l’accuse d’être une sorte de déesse froide et inaccessible, campée sur ses certitudes mais elle cache en fait un coeur fragile, aimant, plein de doutes. Bien sûr, mon personnage est très loin de ces femmes, je m’y réfère en toute humilité, parce que je les admire et qu’elles m’inspirent", confie l'actrice.
Agathe Bonitzer avait déjà joué la fille de Jean-Pierre Bacri dans Les Sentiments, de Noémie Lvovsky.
Pascal Bonitzer et Agnès De Sacy n'ont pas tout de suite pensé à l'univers de la finance. Ils ont procédé par élimination et se sont dit que comme l’héroïne est une jeune trentenaire ambitieuse, ils souhaitaient un lieu de pouvoir mais qui ne soit pas celui de la politique. Le début du film s'inspire toutefois du premier chapitre d’un livre autobiographique d’Anne Lauvergeon, La Femme qui résiste, dans lequel elle raconte ses débuts comme conseillère de Mitterrand. Le cinéaste confie :
"Elle avait rendez-vous avec François de Grossouvre, ne savait pas trop s’orienter dans les couloirs de l’Élysée, courait pour ne pas arriver en retard et elle est tombée littéralement dans les bras de Nelson Mandela qui sortait du bureau de Mitterrand ! Puis elle a eu une brève discussion avec Mitterrand qui lui a dit de ne pas trop prendre au sérieux Grossouvre et quand elle est arrivée dans le bureau de celui-ci, elle s’est rendue compte qu’il faisait semblant de parler au téléphone avec Mitterrand ! On a repris tout ça en le transposant."
Lorsque Vincent Lacoste sort d'une boîte de nuit à côté du Canal Saint-Martin, l'enseigne est celle du bizz'art, une célèbre boîte parisienne accueillant des musiciens pour des concerts (comme la soeur d'Agathe Bonitzer dans le film qui est chanteuse).