Une belle voiture, au milieu d'une large route, déserte, très jaune, illuminée d'un ciel immense. Le couple rit, il est en vacances, ils prennent des photos, ils s'enlacent, mais dès la fin du générique de début, l'on comprend que ce couple est en dérive, au bord de la rupture. Le récit alors s'engage au plus près du visage de Romy, incarnée par une Diane Kruger parfaite et totalement habitée. "Sky" n'est pas un road-movie comme les autres. D'abord, parce qu'il s'intéresse à une partie de l'Amérique complètement inconnue, ignorée des touristes européens, ensuite parce qu'il va à a rencontre d'une myriades de héros ordinaires, issus de la Middle Class américaine, voire des classes dominées. La réalisatrice a échappé au risque de la superposition des personnages dans son récit,. Elle s'intéresse avant tout à son héroïne, Romy, qu'elle filme au plus près des yeux et des émotions. La caméra cherche les soupirs, les rires, les découragements. Elle accompagne la reconstruction de cette femme qui n'aurait pas eu lieu si, justement, elle ne s'était pas engagée dans ce périple solitaire, à la rencontre de ces gens hétéroclites et attachants qui composent les paysages et les villes. En cela, ce film fait honneur à la Femme dans ce qu'Elle est capable de déployer pour renaître à elle-même, et exister en amour et en vérité. La musique est partie prenante de ce voyage tout à la fois spirituel et sensoriel. Le film est une traversée souvent hypnotique, jamais caricaturale, à travers les émotions de ses personnages. On regrettera peut-être un portrait assez caricatural du mari, mais cela est si peu de choses face à cet emportement irradiant de beauté, d'humanité et de poésie.