Plus d’un million de jeunes japonais seraient concernés par le phénomène de l’hikikomori, c’est-à-dire le fait de s’enfermer dans sa chambre pour jouer aux jeux vidéo et regarder la télévision sans avoir aucune vie sociale. Un état qui peut parfois durer des mois voire dans les cas extrêmes, des années. A noter que la majorité des hikikomoris vivent en périphérie des grandes villes et que les trois quarts sont des garçons.
Sadatsugu Kudo, un membre d’une ONG qui vient en aide à la jeunesse et qui joue son propre rôle dans le film, déclare à propos du phénomène de l’hikikomori : "L'hikikomori est un état de détresse émotionnelle face au système scolaire, à la famille ou à la société dans son ensemble, qui pousse un individu à adopter une attitude défensive et à refuser de sortir de chez lui ou même de sa chambre."
Le réalisateur Laurence Thrush a découvert le phénomène de l’hikikomori dans un documentaire sur la BBC. Il trouvait intéressant de réaliser un film sur le sujet et de mettre en scène un huis-clos familial en mettant en exergue sa dynamique émotionnelle.
Pour écrire son scénario, Laurence Thrush s’est inspiré d’expériences réelles qui lui ont été décrites par les travailleurs sociaux qui luttent contre le phénomène : "J'ai essayé de coller le plus possible à la réalité et de construire l'histoire à partir d'une multitude d'expériences vécues par différentes familles, plutôt que d'inventer des scènes purement et simplement." Il déclare également qu’en tant qu’occidental, il ne pouvait se permettre de prendre des libertés créatrices sur un sujet dont il ne comprend pas forcément tous les tenants et les aboutissants.
Laurence Thrush a choisi la fiction au détriment du documentaire car il pensait que c’était un moyen plus efficace pour retranscrire les émotions d’une famille qui vit l’isolement de l’un des siens. Le réalisateur pensait également que le film aurait ainsi une empreinte visuelle plus marquante et a d’ailleurs dessiné chaque scène en story-board.
Le réalisateur Laurence Thrush a privilégié le noir et blanc car il établissait une sorte de distance et le distinguait d’une certaine dimension documentariste. Il permettait également de contraster avec la culture pop japonaise très colorée et très criarde.
Tous les acteurs de De l’autre côté de la porte sont non-professionnels. Le réalisateur Laurence Thrush a cherché des personnes ayant un lien avec le sujet du film. Il déclare également : "Si je préfère travailler avec des acteurs non professionnels, c'est aussi parce que je pense qu'ils peuvent apporter quelque chose de plus authentique, de moins étudié que des comédiens aguerris qui auraient déjà leur idée de ce que sont le tournage et le jeu d'acteur."