Evangelia Kranioti a toujours trouvé dans la mer une source d'inspiration, et a ainsi commencé à étudier la Méditerrannée dès 2006. Si elle avait initialement une démarche anthropologique, historique et mythologique, elle s'est ensuite davantage intéressée aux personnes qui côtoient la mer, notamment dans les ports, et aux relations qui les animaient. C'est ainsi qu'est né son premier long-métrage, Exotica, Erotica, Etc..
Evangelia Kranioti a choisi d'effectuer douze traversées en mer sur des pétroliers, cargos et porte-conteneurs de la marine marchande grecque afin de vivre le quotidien des marins. Seule femme à bord, elle a voyagé dans 20 ports et filmé 450 heures de rushes, explorant la Méditerranée de long en large. Le but, répondre aux nombreuses questions que se posait la cinéaste : "Quel vocabulaire visuel peut-on choisir pour évoquer les souvenirs d’une vie passée, les rêves laissés pour compte, les fantasmes qui nous attendent ? Et comment tout cela s’oppose à la triste réalité de la vie d’un matelot sur un navire, ou d’une prostituée dans un port ?".
Les deux "personnages" principaux du film sont l'équivalent pour Evangelia Kranioti d'une Pénélope et d'un Ulysse. "J'ai rencontré Sandy et le Capitaine Yorgos lors de mes voyages en Méditerranée et Amérique latine, entre 2006 et 2014", se souvient-elle.
La cinéaste présente Sandy : "Elle est venue vers moi avec l’ardent désir de partager son histoire, celle d’une femme de nuit « à la retraite » qui se penche sur ses rencontres avec des anciens amants disparus depuis longtemps, peut-être perdus en mer : ces marins grecs qui l’ont serrée fort dans leurs bras, laissant son corps avec d’innombrables tumeurs d’amour". Concernant le capitaine Yorgos : "Véritable loup de mer, le Capitaine Yorgos (...) a voyagé autour du monde pendant vingt ans. Nous nous sommes rencontrés sur son île quand je recueillais des histoires de marins au début de ma recherche. Nos échanges furent brefs, mais ses mots ont eu un impact considérable sur moi. Au point où huit ans plus tard, un extrait de nos discussions retrouvé sur une vieille cassette m’a poussée à le recontacter, convainque qu’une nouvelle discussion avec lui aboutirait au récit masculin que je cherchais". Les extraits vocaux présents dans le film proviennent de conversations skype entre la realisatrice et le marin.