Un coup sec. Un acte de force. Taxi Téhéran, dernier film de Jafar Panahi, cinéaste iranien martyre de la censure, plusieurs fois incarcéré, atteint cette symbiose entre l’acte et l’idée qui fait les vraies réussites artistiques.
Le fil du film ne fait qu’un avec son point central : il est conducteur. Jafar Panahi, se glisse dans la peau d’un chauffeur de taxi iranien et parcourt la ville, d’une course à l’autre, partageant situations rocambolesques, anecdotes, et idées.
Des idées, il y en a dans ce film, dont la chair est un discours politiquement engagé en faveur d’une liberté et d’une tolérance trop rare dans un pays ravagé par le dogmatisme religieux. On regarde, on rit, on est charmé, on pense, on savoure ce trajet automobile à travers l’inconnu. On s’arrête, on respire, on reprend. Taxi Téhéran est à la fois un véhicule, qui nous conduit de personnes en personnes, de quartiers en quartiers, d’ambiances en ambiances, mais aussi une route, ou plutôt un croisement de routes.
Ces personnes, qui ne se connaissent pas et sont amenées à partager leur taxi, sont autant de combinaisons humaines surprenantes. Le voleur avec l’institutrice idéaliste, les deux bonnes femmes superstitieuses, le nain vendeur de DVD jusqu’à la nièce de Panahi, épatante de vivacité et d’intelligence pour son jeune âge. Tous ces personnages sont autant d’électrons qui se rejoignent pour former l’atome d’un ballet absurde et souvent cocasse.
On danse sur la fine ligne entre fiction et réalité, le doute planant tout au long du film sur l’éventuelle orchestration des évènements.
Comme dans un vrai trajet en taxi, on écoute, on attend, parfois on se lasse, on regarde par la fenêtre, mais on se laisse porter, conduire, par ces mélodies résolument humaines.
La force de ce film c’est son humilité, dépeignant les gens tels qu’ils sont et tels qu’ils sont vus. Un cinéma tendre, humaniste, politique mais surtout profondément universel.