Mon compte
    Taxi Téhéran
    Note moyenne
    3,5
    4492 notes En savoir plus sur les notes spectateurs d'AlloCiné
    Votre avis sur Taxi Téhéran ?

    263 critiques spectateurs

    5
    25 critiques
    4
    90 critiques
    3
    83 critiques
    2
    38 critiques
    1
    16 critiques
    0
    11 critiques
    Trier par :
    Les plus utiles Les plus récentes Membres avec le plus de critiques Membres avec le plus d'abonnés
    anonyme
    Un visiteur
    3,5
    Publiée le 22 avril 2015
    Ce nouveau film de Jafar Pahani est entre la fiction et le documentaire (documenteur ?). On suit au gré des rencontres le quotidien des habitants de Téhéran, entre tradition, trafic, vol, règlement de comptes, censure, interdiction...etc. Le réalisateur a posé ses caméras dans un taxi qu'il conduit, il a filmé les différents clients (leur a-t-il dit qu'ils étaient filmés ?), en ressort une radiographie peu glorieuse d'un pays en souffrance.
    Le film d'Ariane
    Le film d'Ariane

    78 abonnés 179 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 2 mai 2015
    Courageux, audacieux, cocasse et farfelu sont les qualificatifs qui définissent sans doute le mieux TAXI TÉHÉRAN de Jafar Panahi. Puisque le gouvernement iranien ne lui permet plus d'exercer son métier de réalisateur à sa guise, il a mis en place un procédé malin de caméra embarquée dans sa voiture déguisée en taxi. Femmes, hommes, enfant ou… poissons entrent et sortent de ce véhicule, dernier rempart contre la bêtise. On pourrait croire à un documentaire, mais non, toutes les scènes sont écrites puis jouées par des comédiens ou des amateurs dans leur propre rôle. On rit souvent de l'absurdité des situations même si, évidemment, tout cela est tragique. Privé de sa liberté expression (et de mouvement), Panahi contourne et critique avec beaucoup d'humour et de hauteur de vue, l'absurdité et la cruauté de la censure. Ses personnages, hauts en couleur, racontent les souffrances, les injustices, les peurs, les discriminations et la débrouille dans un pays étranglé par l'archaïsme de son régime. Cependant, l'ingéniosité du dispositif a ses limites. Les plans, toujours les mêmes, figent l'action (c'est la principale contrainte de l'exercice) et mettent l'accent sur les dialogues. Le film est bavard, le montage manque sérieusement de rythme, j'ai donc parfois lutté contre l'assoupissement. Mais la pirouette finale, sujette à plusieurs interprétations, est bluffante. (Voir Le film d'Ariane sur Facebook)
    Zoumir
    Zoumir

    67 abonnés 1 042 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 29 avril 2015
    Hors de son contexte et de son encrage dans le réel, Taxi Téhéran est un film appréciable. Aigre doux avec des personnages attachants malgré leur furtivité et des situations cocasses, le film de Jafar Panahi, malgré un rythme lent réussi à nous arracher des sourires et à nous donner une vision de cette ville et de son pays. Et c'est véritablement pour cette performance qu'il est à saluer car si il semble léger sur la forme, le propos du réalisateur Iranien est pourtant profond et incisif. Interdit de réalisation pendant 20 ans dans son pays, il montre d'abord que la créativité n'a pas de limites, pas même celles imposées par un gouvernement, en tournant les restrictions qui lui sont imposées à son avantage. Et par l'intermédiaire des protagonistes qui se succéderont dans son taxi, il met en lumière les maux d'un pays et l'absurdité de la censure. Et bien au delà des images d'une ville, au cours de cette balade, ce sont les mots, les dialogues et les points de vues qui marquent.
    missfanfan
    missfanfan

    90 abonnés 849 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 23 avril 2015
    Au vu des critiques je ne dirais pas que ce film n'est pas bien , je n'ai tout simplement pas accroché et je l'ai trouvé trop bavard et énervant par moments comme quoi ,
    Il n'en reste pas moins que Jafar Panahi est un cinéaste très courageux
    nikolazh
    nikolazh

    60 abonnés 1 060 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 3 mai 2015
    Soumis à la censure, emprisonné, interdit de réaliser dans son pays, le réalisateur, affable et bénéficiant d'un gros capital sympathie, choisit de braver régulièrement les autorité pour continuer ses films, offrant ici un portrait de sa ville, de son pays, et détournant la censure de manière amusante. Reste que, même si l'idée de la caméra embarquée dans le taxi pour faire un vrai faux documentaire est originale et fonctionne dans l'ensemble, on s'ennuie beaucoup, chaque plan s'éternisant trop, faute de coupe. On a cependant une belle galerie de personnages et une vision d'un pays qui, si elle reste bienveillante, ne manque pas de pointer du doigt ses incohérences et ses (trop) nombreux problèmes.
    SansCrierArt
    SansCrierArt

    54 abonnés 420 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 30 août 2015
    Jafar Panahi se transforme en chauffeur de taxi le temps de tourner son nouveau film. Le réalisateur Iranien, interdit de tournage et de sortie du territoire, utilise ce stratagème pour dénoncer les diktats du pouvoir iranien. Chaque client qui passe dans son taxi est l'occasion d'évoquer un de ces maux : la peine de mort largement appliquée, la censure des films étrangers et le trafic que cela créé à l'intérieur du pays, les critères strictes de validation d'un film, le harcèlement subit par les avocats des Droits de l'Homme, la condition des femmes assujetties aux hommes, l'emprisonnement de Ghoncheh Ghavami pour avoir voulu assister à un match de volley ball, la pauvreté du peuple... Chaque saynète, souvent cocasse, est d'un naturel confondant. Panahi, au volant du film et du véhicule, joue l'autodérision, chauffeur de taxi d'opérette qui conduit mal et se perd, ami et oncle absent, comme pour équilibrer le fait que plusieurs, un peu trop peut-être, de ces personnages le flatte d'être une personnalité importante. Les caméras, fixées sur le tableau de bord, filment une réalité jouée à l'intérieur de la voiture mais aussi la réalité des rues que la voiture traverse. Le film commence et se termine sans générique, préservant, un peu, "l'anonymat" des participants qui défient ici le pouvoir en place. Si on est bluffé par le film, c'est plus pour le contexte dans lequel il a été tourné et ce qu'il dénonce que pour ses qualités purement artistiques.
    Taxi Téhéran a reçu l'Ours d'Or du meilleur film au festival de Berlin.
    Seemleo
    Seemleo

    65 abonnés 888 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 12 mai 2015
    C'est fou ce que l'on peut créer de bons films avec peu de moyen et des idées toutes simples. Ici le réalisateur s'est donné quelques contraintes de mise-en-scène, sensées et non simplement gratuites, qui apportent une vraie valeur ajoutée au long métrage. Une caméra fixe posée sur le tableau de bord d'un taxi, qui regarde parfois la route et parfois les occupants. Une vision apparemment confinée de l'Iran et de Téhéran, mais une image toute symbolique de la société iranienne, confrontée à des règles de vie strictes, à une théocratie régissant les aspects les plus intimes de la vie de chacun. En arrière toile de chaque client et de la brève rencontre avec le chauffeur et sa voiture, les iraniens, avec qui on s'identifie pleinement, louvoient, s'accommodent, s'adaptent à la morale imposée en y ajoutant chacun son excipient. L'arrivée de la petite fille modèle, fraiche et intelligente, qui veut faire un film "commercial" selon les règles édictées par la maîtresse et qui se rend très vite compte que ce n'est pas possible (sans rien dévoiler...) est une superbe mise en abîme du cinéma ou de la représentation de la vie.
    Comme disait un critique, ce film a coûté moins cher que le budget "café" d'Avengers. Le vrai cinéma ne demande pas nécessairement beaucoup de moyen. Quel bonheur !
    Stefan R
    Stefan R

    26 abonnés 85 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 27 juin 2015
    Un Ours d'Or, vraiment ?
    Il s'agit pourtant d'une véritable supercherie et je suis étonné que si peu de personnes ne la relève.
    En effet, les prétendus passagers du taxi ont tous une intervention bien planifiée. Tout a été savamment orchestré pour avoir un caléidoscope partiel de la société iranienne et surtout pour dénoncer les absurdités du système, et la censure cinématographique (avec le pseudo-devoir d'école de la nièce censée réaliser un documentaire - en réalité, cela lui permet d'énoncer les règles en la matière de façon peu subtile). Je connais l'Iran, pays que j'adore, et je ne souhaite pas soutenir le pouvoir en place et sa charia d’État. Mais même l'ambiance si chaleureuse et nonchalante de ce pays ne s'invite dans ce film pourtant clandestin.
    On a donc droit, comme c'est commode, aux thèmes du vol (3x), du cinéma (fil conducteur, logique mais les Iraniens ne parlent pas de cinéma à longueur de temps), de la superstition, de l'accident/testament (cette scène manque cruellement de vraisemblance, entre autres, la femme est en ville 10 minutes après être arrivé à l'hôpital avec son mari en sang... or le sourire de Panahi ne le quitte jamais quelles que soit les circonstances!) etc.
    Le rôle de la nièce cristallise ce truquage. Ses dernières phrases si matures, lucides et implacables ne peuvent sortir de la bouche d'une fillette. Conclusion, doublée par le casse lui aussi orchestré, qui sonnent faux comme le reste du film.
    Quitte à tout arranger, autant créer des scènes encore plus riches de sens et de charge critique, non?
    Enfin, d'un point de vue formel, le dispositif de caméra cachée (doublé de caméra d'appareil photo numérique via la nièce) rend l'image aussi sautillante et laide que les plans sont statiques car confinés à l'habitacle du taxi.
    Certes, le film est courageux, le postulat et le dispositif sont intelligents, mais la visibilité des ficelles m'ont empêché de le savourer, même si certaines phrases et réflexions font mouche et que la scène du petit ramasseur de bouteilles montre parfaitement l'inanité de ce qu'il est permis de filmer. Panahi s'amuse et signe un documentaire mineur, je pense qu'il serait le premier à avouer qu'il ne méritait pas un prix cinématographique de telle envergure. Politique, sans aucun doute, mais il s'agit là de cinéma, les jurés des festivals semblent de plus en plus l'oublier...
    DestroyGunner
    DestroyGunner

    24 abonnés 883 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 15 mai 2015
    Beaucoup de fine psychologie dans ces portraits et ces histoires qui s'entrecroisent. Une étude sociologique fort intéressante derrière ces mini-road movies. Il s'en dégage une philosophie positive, un humanisme très revigorant. Original et surprenant, surtout lorsque l'on sait comment il a été filmé... On aime bien.
    CrackO DingO
    CrackO DingO

    46 abonnés 1 060 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 2 mai 2017
    Une go-pro est envoyée dans un pays du moyen âge et dans un taxi. Un film-documentaire sur des gens assez antipathiques. J'ai du mal à comprendre l'engouement d'un certain public pour ce film, réalisé, en plus chez des dictateurs. Le doublage est catastrophique. 1 sur 5 -----Mai 2007----
    Julien Vasquez
    Julien Vasquez

    31 abonnés 1 096 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 29 octobre 2021
    Une méthode de réalisation pour le moins originale de la part de Jafar Panahi qui nous permet d'avoir un bref aperçu de Téhéran et de l'Iran.
    ferdinand75
    ferdinand75

    556 abonnés 3 879 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 24 avril 2015
    Un petit film sympathique , qui a le mérite d'avoir été crée clandestinement avec des bouts de chandelle. De l'humour, des personnages bien campés, surtout la petite fille qui joue très bien et dont la parabole sur l'exercice scolaire de tournage d'un documentaire est très réussi, On comprend que toutes les restrictions imposées correspondent à ce que vit le réalisateur . La démonstration est faite par l'absurde que tout ceci n'a pas de sens. La réalité est ce qu'elle est , et on ne peut l'améliorer sans la travestir, ou alors c'est du mensonge. Le final de la caméra volée par les censeurs est aussi très astucieux. Cependant cela reste un petit film gentillet, et si on sort le contexte politique, il est vrai énorme , on peut quand même s'étonner des louanges et des prix glannés par le film. Ce n'est pas un chef d'oeuvre.
    Arthur Debussy
    Arthur Debussy

    156 abonnés 693 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 21 janvier 2020
    Un film réjouissant et courageux ! Jafar Panahi reprend le dispositif formel que son compatriote Abbas Kiarostami avait mis en place dans « Ten » : une intrigue se déroulant principalement dans un taxi truffé de caméras, dont les allées et venues des différents clients – et leurs conversations – font tout le sel. Jafar Panahi est le conducteur et donc le principal acteur de ce long métrage, mais ce sont vraiment les personnes qu'il accueille à bord qu'il met en valeur. Pour autant, sa personne en est le reflet, et on en apprend tout autant sur la situation actuelle de l'Iran que sur Jafar Panahi. Notamment sur la poésie de son approche et de son art. Les différents protagonistes qui montent dans le taxi sont comme autant « d'idéaux types », mais dotés d'une personnalité propre, et éclairant à leur façon l'Iran d'aujourd'hui, à mi chemin entre tradition et modernité, entre liberté... et dictature. Les thématiques abordées sont nombreuses, de l'école à la justice en passant par la politique ou la société iraniennes. La profondeur de ce film est conséquente, mais la forme est tout aussi louable : en l'ayant simplifié à l'extrême, Panahi montre d'autant mieux l'intensité et la beauté de la vie et du monde qui nous entoure. J'ai trouvé beaucoup de plans très beaux, alors qu'ils sont tous presque anodins. L'art de Panahi est subtil, mais plus charnel que celui d'un Kiarostami, voire plus appuyé, surtout dans ses revendications politiques. Là où Kiarostami était passé maître dans l'art de jouer avec la censure, Panahi n'hésite pas à afficher les contradictions du système politique iranien et le dégoût qu'il lui inspire. Clairement Panahi ose, et je ne peux que craindre les représailles auxquelles il s'expose... Il faut donc louer la Berlinale, où il a obtenu l'Ours d'Or. Non il ne s'agit pas là que d'une récompense politique, car son long métrage est pour moi totalement réussi, mais oui, si l'on ne soutient pas ce genre de cinéastes engagés, personne ne le fera, surtout pas Cannes, qui préfère s'engager pour des causes sans intérêt et surtout sans danger... et encore, quand Cannes s'engage ! Il ne faut pas s'attendre à un film époustouflant sur la forme, c'est au contraire un film très simple et modeste, qui en déroutera plus d'un. Pour ma part j'ai été conquis par l'humanité, la finesse et le courage de Jafar Panahi !
    Moorhuhn
    Moorhuhn

    143 abonnés 579 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 5 mai 2015
    Tout juste auréolé de son Ours d’or remporté en février dernier, Taxi Téhéran nous est parvenu en salles en ce mois d’avril 2015. Interdit de réaliser des films dans son pays pour une bonne dizaine d’années encore, Jafar Panahi récidive pour la troisième fois en nous proposant ce film tourné clandestinement et dans l’illégalité la plus totale. Je n’avais pas encore vu de films de ce réalisateur qui m’intéresse pourtant depuis un moment. Mais j’ai des priorités moi, il fallait que je consacre du temps pour le Debbouze, Panahi pouvait attendre ! La sortie de ce Taxi Téhéran donnait donc l’occasion non seulement de découvrir ce cinéaste mais aussi de voir quel genre de film peut être réalisé avec des moyens aussi bridés.

    Pour le coup, on peut dire je suis vraiment très partagé sur ce Taxi Téhéran. On assiste à un mélange entre fiction et documentaire qui n’est pas forcément une réussite pour ma part car c’est tantôt subtil, tantôt maladroit. On a quand même un bon point d’entrée de jeu : le film est très immersif. Nous sommes plongés au cœur de la capitale iranienne vue de l’intérieur de ce petit taxi avec sa caméra embarquée et son chauffeur particulier. La réalisation d’ensemble est faite de manière à créer l’illusion du réel, comme si l’on captait quelque chose d’authentique à chaque plan. Mais il me paraît difficile de louer l’authenticité de ce film étant donné qu’il est bien trop écrit pour paraître vrai.

    Pour ma part, se situer à la frontière entre la fiction et le documentaire n’est pas le parti-pris le plus pertinent qui soit dans ce cas présent. Autant faire quelque chose de 100% vrai (un peu risqué vu le pays cela dit) ou quelque chose de 100% fictif mais qui s’assume tel quel. Car là, on sent les rouages du scénario, on sait où Panahi veut nous mener, on sait que chaque séquence sera l’occasion de pointer du doigt un dysfonctionnement ou un abus typique du pays. Et cette scénarisation nuit à la subtilité des propos véhiculés par ce film, c’est trop « joué », trop didactique.

    La société iranienne est forcément critiquable sur bien des points avec certaines de ses positions et décisions socio-politiques très discutables. Chaque société d’ailleurs est critiquable, quelle qu’elle soit. Le problème ici c’est qu’on a une critique unilatérale et mécanique qui est quand même un peu lourde. Chaque scène est clairement construite dans le but de dire « Bouh c’est pas bien » sur un fait de société ou sur une décision du gouvernement. Quand bien même ce n’est pas « bien », je trouve dommage de s’apitoyer de la sorte.
    Après forcément je ne peux pas juger pertinemment de ce qui se passe là-bas, moi le petit français qui vit loin de l’Iran dans son confort et qui peut librement écrire cet avis. Mais ici on sent que le cinéaste se plaint via les personnages qui apparaissent à l’écran. Et se plaindre en faisant la morale ne fait pas forcément avancer les choses et ne renforce pas ce que tu cherches à dénoncer. Mais fort heureusement, l’ensemble de ces critiques formulées par Panahi reste bien dissimulé derrière une légèreté de ton qui rend le film digeste et son visionnage appréciable même si le tout reste très convenu.

    De mon point de vue, le problème vient surtout du fait que le film est centré sur Panahi et ses propres problèmes. Le cinéaste est le personnage principal du film et va même jusqu’à pratiquer l’autoréférence en se filmant dans sa prison à ciel ouvert. Certes son sort est triste dans la mesure où son propre pays lui interdit de pratiquer son art et qu’il est « obligé » de réaliser des films clandestinement. Mais le peuple iranien n’est pas Jafar Panahi. Si le film s’était contenté de filmer tous ces passagers du taxi venant de tous horizons et ayant plein de choses à dire sur le quotidien ou sur la société, là ça aurait été plus intéressant. Avec un chauffeur de taxi qui n’est pas réalisateur maudit mais qui est un chauffeur de taxi comme un autre. Mais ici les discours des différents passagers sont trop rôdés et politisés pour créer cette sensation de vrai. C’est un procédé artificiel.

    Je peux donner l’impression de ne pas avoir du tout aimé ce film mais ce n’est toutefois pas le cas. Comme je l’ai déjà dit, la légèreté du film fait facilement passer la pilule. On évite justement de tomber dans la pleurnicherie pure et simple qui aurait pu rendre ce film totalement indigeste, même si cette pleurnicherie est réelle bien que très implicite. Du coup, même si on n’est pas forcément d’accord avec la façon de délivrer le message, on peut apprécier l’humour de certaines scènes. Le passage des petites vieilles avec leurs poissons est notamment plutôt drôle, tout comme les discussions entre l’oncle Panahi et sa nièce. Tous ces petits dialogues qui s’éloignent du cadre politique sont vraiment agréables, légers. Le film aurait gagné d’ailleurs à contenir plus de scènes de ce genre avec la simplicité et la pudeur qui les caractérisent.

    Un autre point d’appréciation reste aussi cette mise en scène de qualité, qui renforce l’immersion dans ce pays pas forcément très accessible et assez méconnu des occidentaux. On reste toujours dans le cadre de ce taxi, tel un observateur du Monde qui entoure ce petit monde. On a cette sensation d’être « à l’abri », d’être dans un espace de convivialité qui contraste avec la dureté des lois du pays qui ne se ressentent cependant pas à l’écran. Aucune menace ne semble peser sur ce taxi et son chauffeur particulier.

    C’est dans cet aspect, je pense, qu’on retrouve la plus grande subtilité du film. Car le taxi de Jafar Panahi est un espace de discussions et d’échanges sur des thématiques variées, on aime ce lieu car la pensée n’est pas interdite ou limitée et que l’on peut parler de tout. C’est donc là le plus grand paradoxe (et gâchis) du film à mes yeux. Si tout n’était pas aussi orienté et scénarisé, on aurait peut-être eu affaire à quelque chose de plus vivant, de plus authentique et qui aurait quand même soulevé des choses sur les différents aspects sociétaux de l’Iran. Mais les ficelles sont hélas trop visibles même si, à côté, la réflexion sur le vol (thématique archi présente dans Taxi Téhéran) est pertinente. Panahi se met lui-même en scène d'ailleurs dans sa condition de voleur d'images malgré lui. Il expose cette sensation d'être considéré comme un voleur dans un monde lui-même rempli de voleurs. A commencer par ces personnes qui lui ont "volé" une partie de sa liberté. C'est l'un des aspects du film qui m'a le plus parlé justement, qui me paraissait très juste. Dommage que la subtilité de ce propos contraste avec la balourdise de certaines autres séquences.

    Puis il y a aussi cette déclaration d’amour faite au cinéma qui ne peut pas me laisser insensible. Panahi aime le cinéma, il aime faire du cinéma, il aime regarder ce que ses compères font jusqu’à déclarer que « tout film mérite d’être vu et que le reste est une question de goûts ». Phrase un peu naïve mais qui a du sens au vu de la situation traversée par le cinéaste. Bon après on peut se poser la question sur tout ce qui est Divergente, 50 nuances de Grey, etc… Mais je suis certain que Panahi ne pensait pas à ce genre de trucs quand il a dit ça. Généralement j’ai aimé toutes les séquences qui se rapportaient au cinéma, notamment avec ce trafic de films non approuvés par le régime qui circulent sous le manteau.
    Le mieux restant tout de même les passages avec la nièce qui liste tout ce qu’il faut faire pour rendre le film diffusable, ce qui est plutôt cocasse. Jusqu’au point où elle est prête à engueuler un enfant pour qu’il fasse quelque chose de « moral » pendant qu’elle le filme. Une des scènes les plus drôles du film d’ailleurs, qui dit en plus pas mal de choses sur le processus de création artistique en Iran. Mais après tout, ces limites n’empêchent pas certains réalisateurs de faire de très bons films. Je pense à Abbas Kiarostami notamment qui arrive d’ailleurs à soulever des problématiques sociétales sans s’attirer les foudres du régime (ou du moins pas à ma connaissance).

    Dans la globalité, j’ai quand même apprécié le visionnage de ce Taxi Téhéran pour toutes les raisons citées ci-dessus. Même si je ne peux que déplorer ce côté trop plaintif que je peux toutefois comprendre. Après tout, difficile de se mettre dans la peau d’une personne qui ne peut plus faire son métier librement et dont les moindres faits et gestes sont surveillés. Ça reste quand même impressionnant de voir que ce type ait pu faire deux longs-métrages et participé à un autre alors que ça lui est strictement interdit. Mais ça peut aussi soulever des questions sur sa vie et sur le fait de savoir s’il vit dans un si grand « enfer » que ça… N’aurait-il pas dû faire un tour en prison après son « Ceci n’est pas un film » ? Après tout il a bravé les interdits au vu et au su du monde entier, ce qui aurait pu légitimement mettre les dirigeants iraniens en colère… Pourtant, il récidive. Intolérable ! Si j’étais dicta… Leader suprême bien-aimé d’un pays et qu’un cinéaste osait critiquer mes méthodes, ça fait bien longtemps qu’il finirait dans un cachot à regarder la daube de Jamel Debbouze en boucle. Ça lui aurait passé l’envie de tourner des films tiens !

    Enfin je ne suis pas dirigeant contesté d’un pays, je reste un citoyen français lambda et je vais revenir à cette condition pour boucler cette critique (même si être dictateur ça doit être bien sympa avant qu’on vienne te trancher la tête). Taxi Téhéran est un film que je conseille malgré les quelques reproches que j’ai pu lui faire car il permet d’aborder des questions et problématiques très intéressantes. Sur la société iranienne, sur les actes contraires au bon fonctionnement de cette société, sur le cinéma, sur la liberté d’expression et d’opinion. On peut même développer la réflexion en s'appuyant sur l'exemple de notre propre société occidentale. Le film dure 1h20 et le rythme est suffisamment maîtrisé pour suivre son déroulement avec plaisir même si on peut légitimement tiquer sur quelques aspects du scénario. Le prix reçu à Berlin me paraît quand même plutôt exagéré et délivré davantage pour le geste plutôt que pour les qualités intrinsèques. Je poursuivrai quand même volontiers sa filmographie mais peut-être avec ses films tournés « légalement ». Je pense à Hors-Jeu ou encore à son film sur le Racing Club de Lens. Affaire à suivre.
    BeatJunky
    BeatJunky

    151 abonnés 1 930 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 20 mai 2015
    Originale façon de faire découvrir son pays! On apprend beaucoup sur les différentes mentalités que l on peut croiser ds ce pays aux moeurs restrictives. Mais personnellement, j ai trouvé que l exercice ne tenait pas sur la durée, j ai commencé à m ennuyer assez rapidement à partir du moment où qu' à petite fille, pourtant pas désintéressante, a squatté le taxi bien plus lgtps sue les autres. J ai perdu mon enthousiasme à découvrir tous ces usagers du taxi issus de milieux sociaux bien différents. Et ce n est évidemment pas la mise en scène qui m aura aidé a m accrocher puisque le mode camera cachée a aussi ses limites. Dommage, une bonne idée de départ, de bonnes intentions qui s essoufflent au fil des minutes. Il faut quand même noter le courage du chauffeur du taxi, qui malgré son interdiction de filmer ds don propre pays, aura pris bcp de risques pour monter cette réalisation audacieuse. Audace qui aura certainement fait la diff lors des nombreux festivals où il a été récompensé .
    Les meilleurs films de tous les temps
    • Meilleurs films
    • Meilleurs films selon la presse
    Back to Top