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Daniel Schettino
25 abonnés
241 critiques
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4,0
Publiée le 11 mai 2016
Je ne crois pas trop à ces personnages trouvés au hasard des rues de Téhéran. C'est un peu trop cousu de fil blanc. Comment croire notamment à l'histoire du petit chiffonnier qui découvre un billet de banque juste sous les yeux de la nièce "enquiquinante" du réalisateur, qui était parti à point nommé. Ou Jafar Panahi a beaucoup de chance ou chacun des protagonistes attendait son passage en taxi pour commencer sa prestation. Mais qu'importe finalement ce prétendu hasard, car si tout a été certainement scénarisé, c'est un réel plaisir de voir ces scènettes, parfois très drôles, parfois émouvantes, de la vie d'Iraniens. L'idée est très originale et ces improvisations sur un thème choisi sont bien réelles. On a rarement vu un cinéma si libre, débarrassé des carcans de la logistique. C'est aussi un cinéma de l'urgence. Jafar Panahi fait avec les moyens du bord ou quand le cinéma devient un objet de résistance face aux contraintes d'un régime. C'est ce qui fait la force de ce film unique.
Terriblement émouvant ... comme un dessin sorti des camps de concentration. Tourner dans ces conditions Quel courage ! Quel talent Monsieur Jafar Panahi !
Taxi Téhéran, nouveau film de Jafar Panahi. Malgré son interdiction de réaliser des films durant 20 ans (et de quitter le pays), le réalisateur iranien sort son troisième film depuis sa condamnation en 2000. Le film se déroule entièrement dans un taxi (tiens, ce n'est pas sans rappeler Abbas Kiarostami) et dresse un portrait de la société iranienne. Mi-documentaire, mi-fiction, divers passagers avec leurs histoires s'enchaînent sur la banquette arrière du taxi ; le film s'inspire de faits réels tout en les mettant en scène et les filmant discrètement à l'aide d'une caméra embarquée. C'est un super portrait de l'Iran d'aujourd'hui, drôle et politique à la fois, avec des personnages touchants. Quoi de mieux qu'un taxi pour "véhiculer" des idées ? Particularité: le film ne comporte pas de générique de fin, afin de ne pas mettre les protagonistes du film en danger.
Ce n'est pas un film avec un scénar hollywoodien, pas de cow boys ni d'indiens, ni flics, ni gangsters. Mais des personnages attachants et une peinture douce amère de la société iranienne avec un humour distancié et un art de la litote assez corrosifs. Les personnages de femmes sont superbement intéressants. Tous. L'institutrice du début et son humanisme intelligent, la gamine dont les interrogations naïves (?) dynamitent le carcan qu'on veut lui imposer, l'avocate d'un courage et d'un calme hallucinants. Jusqu'au réalisateur qui se met au premier plan avec une gentillesse et un calme souverains, et sans doute aussi un grand courage pour s'exposer ainsi. La fin est assez jolie aussi. Quel talent! Un ours d'or bien mérité. J'aurais mille choses, y compris politiques, à ajouter mais vous êtes bien assez malins pour les trouver vous-mêmes.
Lent mou parfois touffu. On s'y perd dans ce docu-fiction de Jafar Panahi, au bout d'une demi heure, on suffoque dans ce taxi, entre les jérémiades de sa nièce et le sempiternel rictus inexpressif de Jafar le taxi man. Dommage je m'attendais à mieux, à de la poésie, de la fantaisie de la surprise. On ne l'approche qu'à une ou deux reprises....
un coup de gueule opportuniste d'un cinéaste vis-à-vis de son pays... il devait certainement être sûr des soutiens de l'occident, Ours d'Or etc... normal, l'occident adore les films de dissidents des pays de l'axe du mal élargi, Iran, Chine, Russie etc... Aucun intérêt à mes yeux, sinon de renforcer ma certitude qu'un film non dissident a lui, très peu de chance d'obtenir de prix, même si c'est un très bon film... les prix, c'est comme les Nobel... c'est la continuité de la propagande, c'est un outil parmi d'autres...
"n'oubliez pas de parler d'exécutions, de prison etc, tous les trucs anti droitsdelhommiste que nous adorons, votre film aura ainsi toutes ses chances d'être sous les louanges de nos critiques"
Un film qui réussit là où la plupart des autres se sont plantés de façon bien plus compliquée, bien plus esthétique ou bien plus intello. Un témoignage autant qu une oeuvre. Essentiel.
Film étonnant que l'on a envie de croire tourné en caméra caché. Les personnages qui se succèdent peuvent irriter, attendrir ou faire sourire : ils ne laissent pas indifférents et donnent à réfléchir sur l'universalité de certains caractères . La même mis en scène proposée en Inde ou en Europe ne ferait-elle pas apparaître des registres proches ? Critiques en creux d'une société théocratique démontrant combien l'intégrisme religieux n'a pas effacée ce qui est au cœur des préoccupations humaines. Pour autant, on n'est pas là dans la démonstration, mais dans l'évocation, dans la revendication, mais dans la chronique. A voir, par curiosité.
Un film entre fiction et réalité, tourné clandestinement dans la capitale iranienne par Jafar Panahi, qui fait pourtant l’objet depuis 2010 d’une interdiction de filmer. Pour contourner cela, il a caché une petite camera près du pare-brise du taxi qu’il conduit, filmant ainsi ses discussions avec les passagers qu’il ramasse. Cela ne nuit pas du tout à la qualité de l'image, cependant il faut dire que Jafar Panahi est coutumier de ce genre de procédé rudimentaire, dans Ceci n'est pas un film, il en était réduit à utiliser un smartphone. Dans ce nouveau film, les scènes se succèdent à mesure que Panahi ramasse des clients, à chaque fois il y a une histoire différente, plus ou moins rocambolesques, surprenant parfois le spectateur. Notamment cette scène où un passager parti chercher des dvd de blockbusters vendus sous le manteau, se met soudain, ayant reconnu le cinéaste, à acheter des films d'auteur pour ne pas perdre la face car bien évidemment, vu la notoriété de Panahi, le subterfuge ne tient pas longtemps, ce qui n’empêche pas les passagers de se confier à lui, dans une ambiance plutôt cordiale. Au bout d’un moment on soupçonne une forme de scénarisation et de complicité avec certains passagers, on ne sait plus alors ce qui relève du documentaire ou de la fiction pure et simple. C’est dans ce taxi, dans cet espace confiné que les gens se sentent le plus libre pour s’exprimer et critiquer le régime. Dans ce film en forme de huis clos itinérant, ces discussions avec les différents passagers forment des sortes de petits épisodes mis bout-à-bout, formant au final un véritable tableau de la société iranienne de nos jours. Une société qui, malgré la chape de plomb maintenue par le pouvoir, est une société bien plus libérée et joyeuse que ce qu’on peut en penser au premier abord. Un film remarquable, un des plus originaux de l'année 2015.
Vous pouvez consulter mon classement des meilleurs films de 2015 ainsi que des critiques complètes (illustrées et parfois accompagnées d'extraits) sur mon blog:
Voilà ce que l'on peut appeler : un chef d'œuvre. Ce film est l'exemple parfait et nous montre qu'avec peu de moyens il est tout à fait possible d'avoir : des intrigues, des plans généreux et artistiques, des acteurs nickel et d'importants enjeux ! Je ne connais aucun film tourné intégralement dans un espace aussi petit avec autant de restrictions ! N'oublions pas que l'Iran est face à une politique artistique très strict et que le film évoque à la merveille toutes les règles sans jamais les enfreindre ! Les iraniens ont toujours ce "truc" pour pouvoir captiver le spectateur avec de petites intrigues du quotidien, et ont ce sens très poétique et artistique de nous montrer les choses. Jafar Panahi a encore signé un film d'exception et de génie. Ce film est majestueux et mérite toutes ces récompenses. Je défie Hollywood de nous faire des intrigues avec si peu de moyens et autant de restrictions ! BRAVO !
Faux ou vrai documentaire, taxi teheran nous plonge au cœur de la société iranienne. Jafar Panahi dans son rôle de réalisateur-taxi, nous montre à travers ses clients une société qui est à fond dans les débats politiques (peine de mort, liberté...). Et il lance un crie de détresse d'une génération future bornée par un système éducatif basé sur la censure à travers la chouette compagnie de sa nièce. Le film toutefois reste sans émotion, ce qui pourrait être exprès pour donner un aspect objectif à la réalisation.
Une balade astucieuse et sensible mais parfois un peu ennuyante qui dresse le portrait de la société iranienne d'aujourd'hui, tout en se jouant de la censure des Mollahs.
Jafar Panahi jongle brillamment avec l’illusion… illusion d’un vrai-faux documentaire, illusion d’une expression libre, illusion d’un pays qui sortirait de l’ombre. Le vrai-faux documentaire est saisissant, même si, dès les premières minutes (et les premiers propos un peu subversifs pour l’Iran) l’on capte la mise en scène, l’apparence est telle que l’on découvre chaque passager lors de ce trajet comme dans une franche réalité. On se trompe également sur la sereine apparence du réalisateur en pseudo chauffeur de taxi. Tout sourire et expansif, la tension est toutefois palpable et son malaise nous étreint à chaque arrêt. En écoutant les passagers aux piques furtives ou les proches dans ce fameux taxi, on se met à espérer qu’enfin l’Iran, ou pour le moins sa population, se libère de ce carcan totalitaire de pensée qui veut que la politique intérieure ne puisse qu’être mise en valeur, que l’on ne pende plus de jeunes racketteurs ou plus superficiellement que Woody Allen soit un auteur interdit… cela n’est qu’une illusion. Panahi veut y croire avec légèreté et surtout ne perd pas espoir. C’est cette foi en des jours meilleurs qu’il nous communique avec son film plein d’humour, de tendresse et de gravité. Avec d’infinis détails, des moyens réduits à leur plus simple expression, beaucoup d’esprit et de générosité, il démontre ici que le cinéma se relève toujours des censures, mais aussi qu’il est toujours un formidable et efficace vecteur de communication. A voir l’enthousiasme des spectateurs à la sortie de salle, on sait que Jafar Panahi a réussi son pari (risqué certes), comme en son temps Paradjanov, ou récemment les documentaristes Cayan Demirel et Ertugrul Mavioglu ou encore Jia Zhangke et tant d’autres, son envie de donner des émotions, de dénoncer et surtout de faire du cinéma reste la plus forte des pressions.
Je n’ai absolument pas accroché à ce film assurément courageux et subtil. Courageux parce qu’on ne se moque pas de la société iranienne théocratique, exemple Les Chats persans. Mais ennuyeux et trop documentaire, même s’il y a une vraie conscience politique dedans. Voilà un Ours d’or aux Berlinades bien mérité pour sa valeur sociale mais guère pour sa valeur cinématographique.