« La Femme bourreau » est un film qui aurait pu/du ne jamais sortir. Produit en 1968, il faudra attendre 2015 (!) pour que Luna Parks Films l’achève et le diffuse.
Dans ce contexte, difficile de dire ce qui relève de l’intention du réalisateur de 1968, et celle de la post-production de 2015. Néanmoins, en partant du principe que le gros morceau date de 1968, je peux comprendre pourquoi le film n’était alors pas sorti. Non pas qu’il soit particulièrement violent ni choquant (si ce n’est quelques poitrines féminines totalement gratuites), c’est surtout un OFNI façon Nouvelle Vague.
L’intrigue se déroule à Paris, où une jeune femme a été condamnée à mort après avoir commis d’horribles assassinats sur des prostituées. Problème : les meurtres continuent après son exécution ! On suivra un bourreau, qui tombe amoureux d’une femme policière impliquée dans l’enquête.
Ne vous attendez surtout pas à un polar classique. Les personnages paraissent toujours hallucinés… et il faut dire que le jeu d’acteur est parfois franchement limite. La narration évolue via une voix off clinique, des fausses interviews, des dialogues limite absurdes… En l’ensemble dure moins de 1h10.
Bref, ça se veut hypnotisant et surréaliste, mais ce n’est pas toujours palpitant, loin de là.
Néanmoins, je salue l’exercice de style visuel. Avec un très joli noir & blanc, de belles compositions, et un montage audacieux, voire expérimental, pour présenter les personnages et les situations. Je salue également les thématiques abordées, relativement osées. Parmi elles, la peine de mort, et la Guerre d’Algérie, furtivement évoquée. Par contre, bien que le film ait été tourné en plein mai 68, aucune référence ne sera faite à ces événements.
A l’arrivée, « La Femme bourreau » fait partie de ces bizarreries aujourd’hui exclusivement destinées aux cinéphiles, qui y trouveront (ou pas) leur compte selon leur goût pour l’expérimental.