Film plat. Aucun relief. Les scènes se succèdent de façon banale. Aucun rythme. Pourtant, il y avait un fil que le réalisateur semble avoir dégagé, sans vraiment l'exploiter : le conflit intérieur entre sa vocation de médecin et d'écrivain, la rencontre avec Tolstoï, l'appel de Sakhaline, le voyage initiatique, avec au bout de ce voyage la rencontre décisive avec l'institutrice, le retour et la mort. Et puis non, ce fil narrateur, quoique présent, est traité platement, avec ennui.
Je ne sais pas si c'est délibéré de la part de l'auteur, qui aurait voulu nous faire du Tchékhov (mais n'est pas Tchékhov qui veut, et son objet, à lui, était de faire un film, pas d'écrire une pièce de Tchékhov). Mais voilà, on s'ennuie, on s'ennuie. On voit les tableaux se succéder banalement et platement, les uns après les autres, empilés comme avec indifférence. Il ne se passe rien. On ne ressent rien. Tout est vide et extérieur.
Les acteurs jeunes sont complètement falots. Seuls les vieux acteurs, qui ont de la bouteille, ont quelque chose (Bonnaffé, Pierrot, Nahon, les trois ballons d'oxygène de ce film).
Alors, que retenir ? Bien sûr, c'est bien réalisé, les images sont belles, les acteurs jouent, il y a des décors (pas très russes, mais bon) (les intérieurs XVIIIe font plutôt penser à des appartements haussmanniens, mais passons sur cet anachronisme criant, pas très grave). On passe un bon moment malgré tout.
Disons, que c'est un très bon documentaire sur la vie Tchékhov. Un "biopic", comme on dit aujourd'hui. Rien de plus, hélas.
Très éloigné des oeuvres magistrales consacrées jadis à la vie d'artistes, comme par exemple La vie passionnée de Van Gogh de Minelli. Si on voulait voir quelque chose de cet acabit, bien sûr, on est déçu.
Petite remarque : celles qui sont censées incarner des prostituées crasseuses de Sakhaline, font plutôt penser à des lycéennes bobo en train de minauder dans une chambrée chic du 17e arrondissement. Vraiment insupportable. Réellement, j'ai souffert en regardant cette scène. Mais bon, faut-il s'en étonner ? Quand on sait dans quel état est le cinéma français d'aujourd'hui...
On est loin des Bas-fonds de Renoir.