Bon lorsque j'ai lu le synopsis j'ai vu le truc gros comme une maison, on adapte un truc pour ados avec une cancéreuse pour surfer sur l'histoire d'amour tragique façon nos étoiles contraires, on met un titre "français" disant que ce n'est pas une histoire d'amour pour faire un peu "classe", on emballe le tout et ça plaît à Sundance (tout ce que je déteste). Je déteste ça pour plusieurs raison, déjà je trouve le cinéma indépendant américain assez faux de manière générale (et pas particulière) les Linklater, Payne, ou Hughes je trouve ça insupportable tant c'est faux, il n'y a pas de vrai dans leur "cinéma" tout simplement parce que la plupart du temps ils veulent dire quelque chose avec leurs personnages archétypaux qu'ils veulent faire sortir de leurs archétypes, mais ils restent ces clichés ambulants dans des situations trop écrites qui être vraies. Il n'y a pas de vie dans leurs films.
Alors je ne vais pas dire que ce Me and Earl and the Dying Girl est différent, il correspond aussi à un certain genre de teen movie, suivant les étapes de la romance sans jamais vraiment oser y aller jusqu'au bout, mais on reste en terrain balisé. Ce qui va changer en voyant ce film c'est que pour une fois c'est mis en scène. On garde notre ado paumé que je déteste au plus haut point (je hais le monde de Charlie ou je sais pas quoi, la face cachée de Margo et toutes ces gamineries), les passages obligés y sont, mais c'est mis en scène. Alors pas forcément du mieux possible, mais il y a un effort à ce niveau là, on est dans une comédie romantique un peu banale avec un type qui s'est donné les moyens de faire du cinéma et mine de rien c'est déjà pas mal.
Le film est très référencé, outre les nombreuses citations de film (j'ai adoré l'imitation de Werner Herzog, mais vraiment j'étais mort de rire, en plus j'adore écouter Herzog parler), les remakes de films façon Be kind rewind (en moins inspirés), on sent très clairement un petit côté sous Gondry, voire sous Anderson (le vrai, celui qui sait faire des films : Wes). Du coup ça apporte un petit vent frais à ce produit qui aurait pu être tout à fait formaté. Par contre notons qu'il est un réel sacrilège de regarder Aguirre en anglais ! Un vrai cinéphile ne saurait commettre une telle faute (oui on parle là de faute, une faute morale !
D'ailleurs si je n'aime pas lorsqu'on commence un film avec un type qui doit raconter un truc, écrire un livre et il se met à écrire sur son iMac dernière génération, c'est une solution de facilité juste horrible, mais là le fait que ça soit narré par le héros permet un ou deux tours de passe-passe plutôt sympa, ce qui permet de maintenir le spectacle (ou son illusion, parce que bon je ne sais pas pour vous, mais je ne suis pas dupe, une fois pourquoi pas ? mais deux c'est louche (faut voir le film pour comprendre)).
J'aime beaucoup le personnage du père joué par l'excellent Nick Offerman mais que comme dans tous les films du genre l'on voit trop peu... Ben oui les personnages marrants sont les seconds rôles, mais ils passent bien souvent à la trappe au profit d'un personnage principal un peu nul et fade auquel le spectateur nul et fade peut s'identifier. Or moi dans le vie je suis plus comme Nick Offerman ici que comme le héros... (mais avec un plus beau peignoir).
Par contre le rôle de la mère de Rachel, mouais, pour que ça soit vraiment drôle il aurait fallu aller plus loin dans le délire.
Le film souffre d'un passage à vide vers le milieu... et la toute toute toute fin est vraiment nulle, genre le dernier plan, c'est tellement évident, faisant écho à quelque chose dit plus tôt dans le film, c'était grillé dès le moment où cette phrase était prononcée que le film allait se finir là-dessus.
Bef c'est pas génial, mais c'est mieux que bon nombre de films du genre, ce n'est pas vrai, ce n'est pas beau, ce n'est pas triste, mais quelques scènes sont vraiment drôles, il y a une vraie envie de cinéma derrière... Mais bon ça reste trop dans sa zone de confort. Et puis niveau film de cancéreux je retourne voir la Gueule ouverte ou bien Cris et chuchotements, histoire d'avoir un peu de vrai, un peu de souffrance, de peine. Il y a cependant et je conclurai là-dessus une scène que j'ai trouvé assez juste (pas vraie, mais juste), la scène où la mère pousse son morveux à aller parler à la cancéreuse, tu vois trop la mère qui veut bien faire et le gamin qui s'en fout totalement, ça m'a un peu fait penser au passage avec le renard dans le petit Prince...