Magnifique Ridley Scott.
Une succession de trois version des faits aux différences de différentes échelles, allant des plus flagrantes aux plus petites, jusqu'aux plus subtiles à ne pas louper, la caméra allant même jusqu’à suivre la personne qui la raconte, un récit général propre, excellemment bien écrit, des décors grandioses, un respect du contexte d’époque (comme rarement) fidélisé, entre vêtements, perruques et crasse, ici on a affaire à la boue et au sang coagulé, et non à des personnages sortant du pressing.
Brutal visuellement, ne laissant aucune dentelle dans les détails les plus macabres, aussi bien dans le domaine de la guerre, que dans les différences de statut de richesses ou de sexe biologique, les riches sont riches, soyeux, les pauvres crasseux, les femmes soumises à une politique patriarcale violente où elles ne comptent pas, avec la religion et ses dogmes en ajoutant une couche.
Parfois il arrive de se demander si cette fresque de personnages grossiers est une façon maquillée par les Américains de se moquer des français, on notera par exemple un Charles VI semblant tout droit échappé de la série ‘The End Of The F***ing World’ (pour le plus grand plaisir de ceux le reconnaissant), mais sans oublier que ce contexte existait bien également au-delà des frontières.
Une pinte d’humour très noir autour de la vie des femmes de haut rang utilisées pourtant comme objets de vente dans des mariages arrangés, de leur vie quotidienne au-delà du viol, le film transpire la crédibilité, et la crétinerie humaine dans ses âges parmi les plus sombres.
Féministe, il est intéressant d’aborder un thème comme celui qu’il aborde en le transposant au quatorzième siècle.
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Un Matt Damon méconnaissable jouant un personnage odieux, un Ben Affleck blond semblant rachitique à côté de son rôle de Batman, et un Adam Driver jouant un personnage au nom semblant sortir d’une caricature malgré que ce soit tiré de personnages réels.
Au-delà de la pertinence, de la qualité générale du visuel rendu possible par toutes ces maquettes, toutes ces tenues et tous ces accessoires, d’un éclairage aux petits oignons et d’un cadrage hors pairs, on peut aussi noter la générosité de la violence graphique et l’esthétique des cadavres, pour un tout haletant, spectaculaire, et très sombre.
Zéro perte de rythme malgré de longues expositions de dialogues (le film étant avant tout le récit de l’accusé et des victimes AVANT d'être un film d'action): une belle claque.
Jodie Comer, que j’ai découvert il y a peu dans ‘Free Guy’, tient parfaitement son rôle de femme bafouée déterminée, alors que le monde masculin contre elle.
Tout monte en crescendo pour un final ne conjurant pas grand-chose, tant la notion même de justice appliquée, et la façon dont-elle est appliquée, sont grotesques, même au point de vu de cette fameuse femme.
Pour ce qui est du négatif: même s’il ne s’agit pas d’actes sexuels en armure en plaque: sérieusement qu’est-ce qu’ils ont nos réals avec le Moyen-Age et les personnages qui réussissent l’exploit de copuler avec trois kg de robes sur soi?! Dans un film faisant tout dans la peinture, là, et pourtant ces scènes sont censées être graves, on est en plein dans le ridicule, au point de sourire quand on ne devrait pas.
Fortement recommandé.