Ridley Scott revient en grande forme avec ce dernier duel, on retrouve immédiatement son soin millimétré dans tous les domaines, que ce soit les costumes, le son, la musique de Harry Gregson-Williams (digne descendante de Kingdom of Heaven), la photographie et, surtout, le casting prestigieux qui se donne à fond pour un scénario astucieux.
Matt Damon, Adam Driver, Ben Affleck, chacun livre une prestation grandiose jusqu'au fameux duel viscéral, vibrant et impitoyable. La jeune Jodie Comer, au centre du récit mérite les honneurs, tant son rôle la fait passer par les émotions les plus fortes, de femme forte à femme violée lors d'une scène réalisée sans concessions. Surtout que tous ne se contentent pas de jouer un rôle dans ce film, ils ont à le jouer trois fois, de trois manières totalement différentes ou, parfois, de trois manières similaires avec néanmoins des nuances, subtiles, mais qui font toute la différence. Présenter le récit de trois manières différentes permet, en effet, de présenter la vérité trois fois, mais une vérité différente à chaque fois, la vérité de celui qui la raconte, qui le présente avec avantage tout en minimisant ses tares et ses crimes. Seule la troisième vérité, bien soulignée comme étant l'unique, permet de montrer la réalité crue et sans fard, la vérité de la société et de la condition des femmes au moyen-âge. On constate alors que l'Homme n'a guère évolué depuis, pouvant se montrer courtois et défendeur de sa belle jusqu'à la mort, comme égoïste et aveuglé par ses fantasmes jusqu'à en nier ses crimes, même au bord de la mort. Ridley Scott livre, une fois de plus, un récit riche de regards et d'enseignements sur l'être humain, sans cesse en train de se battre contre lui-même, entre vérités et mensonges jusqu'à ce que l'ultime vérité, la seule, lui soit révélée par Dieu lui-même, dans ce qui sera bel et bien son dernier duel.