Suite à sa sortie en salles (au beau milieu de la Seconde Guerre Mondiale), Lifeboat a immédiatement été critiqué de toutes parts aux États-Unis. En effet, le personnage allemand était montré comme étant supérieur aux autres en matière de navigation. A une époque où les Alliés étaient encore défaits par les nazis, cela faisait partie des choses qui ne pouvaient être acceptées.
Dans son ouvrage sur Alfred Hitchcock, Patrick Brion rapportait les propos du cinéaste, interrogé par Peter Bogdanovich : "Avec ce film, je voulais prouver que la plupart des films sont tournés en gros plans. Ce fut vraiment un film sans décors. Je l'ai fait par défi. Vu le sujet, les gens ont poussé de hauts cris, car je semblais avoir montré le nazi plus fort que les autres. J'avais deux raisons pour cela. Premièrement, en tant que commandant de sous-marin, le nazi était plus compétent en navigation que tous les autres. Deuxièmement, les nazis semblaient effectivement l'emporter à l'époque. Quant aux autres, ils symbolisaient les démocraties qui ne s'étaient pas encore alliées, n'avaient pas encore uni leurs forces. Même John Hodiak, qui jouait le communiste, était indécis. Il a fallu que tous s'unissent contre ce type pour s'en débarrasser. Savez-vous que Tallulah Bankhead détestait Walter Slezak ? Elle a vraiment été dure avec lui. Elle s'asseyait en face de lui dans le canot de sauvetage et lui lançait : "Espèce de sale nazi !" Pauvre gars... il n'était vraiment pas nazi, vous savez."
Le scénario de Lifeboat est signé John Steinbeck, grand écrivain à qui on doit notamment Des souris et des hommes en 1937 (Lewis Milestone tournera une adaptation cinématographique, Gary Sinise une autre en 1992), Les Raisins de la colère (publié en 1939 et devenu l'année suivante un film réalisé par John Huston), ou encore A l'est d'Eden (paru en 1948 et dont la version cinéma est l'oeuvre d'Elia Kazan). Pour ce dernier, l'écrivain a également écrit le scénario de Viva Zapata ! (1952). Ajoutons, à propos de Lifeboat, que le script a été remanié par Jo Swerling, fidèle collaborateur de Frank Capra.
Avant de faire appel à John Steinbeck, Alfred Hitchcock avait demandé à un autre grand écrivain, Ernest Hemingway, d'écrire le scénario. Celui-ci déclina l'offre.
Lifeboat a été tourné en studio, dans des conditions difficiles pour les comédiens, puisque le film se déroule majoritairement dans une chaloupe. Plusieurs membres de l'équipe, dont Tallulah Bankhead, ont d'ailleurs été victimes de pneumonie durant le tournage. La comédienne a aussi fait parler d'elle, pour une autre raison, comme le racontera à la revue Positif Hume Cronyn (cité par Patrick Brion) : "Le canot de sauvetage était monté sur un système de bascule, et la coordination des mouvements du bateau et de ceux de l'océan projeté sur l'écran de la transparence était techniquement complexe. A cause de ce mécanisme, le canot était situé à environ trois mètres du sol, et il fallait y accéder par une échelle. Tallulah Bankhead a créé un scandale parce qu'elle s'obstinait à ne pas porter de dessous".
A la comédienne Mary Anderson (l'infirmière, dans le film), qui lui demanda un jour: "Quel est mon meilleur profil ?", Alfred Hitchcock fit cette réponse, devenue célèbre : "Mais ma chère, vous êtes assise dessus !"
L'action de Lifeboat se déroulant sur un bateau, comment Alfred Hitchcock allait-il s'y prendre pour faire, comme à son habitude, une apparition dans le film ? Le malicieux cinéaste a trouvé la solution : on reconnaît son visage en photo dans un journal, pour une publicité de type avant/après, vantant les mérites d'un produit amaigrissant...
Lifeboat a décroché trois nominations aux Oscars en 1944, dans les catégories Meilleur réalisateur, Meilleur scénario et Meilleure photographie noir et blanc. Les nommés repartiront bredouilles, mais l'actrice Tallulah Bankhead décrochera la même année le Prix du Cercle des Critiques.
En 1993, l'acteur Ron Silver réalise pour le petit écran un remake de Lifeboat intitulé Lifepod et coproduit par Jay Roach. Il s'agit d'un film de science-fiction, puisque le canot de sauvetage est remplacé par une capsule, dans laquelle vont se réfugier les rescapés de l'explosion d'un vaisseau spatial...
Lors de la sortie de Jeepers Creepers 2 en 2004, Victor Salva confia que l'une de ses sources d'inspiration pour ce film d'épouvante était Lifeboat : "J'ai bâti le scénario autour d'une douzaine de personnages luttant pour leur survie dans un décor confiné. Au lieu d'un canot en haute mer, nos jeunes sont coincés dans un bus scolaire et subissent les assauts d'une créature bien décidée à les détruire".